L'Afrique par thèmes

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L'Afrique par thèmes

 Regards sur l'Afrique

La polygamie
Les enfants soldats
La circoncision et l'excision
L'école
L’éducation  et l’analphabétisme
Le travail des enfants
Le fléau du sida chez les enfants
La traite des enfants

 

La polygamie

 

Littérature féminine et critique de la polygamie – projets de mise en scène
  • Avant de lire les textes ci-dessous et de remplir le tableau sur la situation de la femme en contexte polygame, formez trois groupes et réfléchissez sur les trois paradigmes indiqués.
Groupe A
Groupe B Groupe C
Le rôle et les droits de l’homme Les tâches des femmes Les privations et les humiliations des femmes

1. Selon ma connaissance :

 

 

1. Selon ma connaissance :

 

 

1. Selon ma connaissance :

 

 

Identifiez les données dans les textes ci-dessous
2. autorisé à avoir ... 2.l a première femme... 2. privée de toute liberté personnelle
3. 3. 3.
4. 4. 4.
5. 5. 5.
6. 6. 6.
7. 7. 7.

 

Pour comprendre la polygamie il faut tout d’abord la placer dans le contexte d’une institution traditionnelle africaine qui fait partie de l’islam. Dans de nombreux pays africains la polygamie décrit le fait qu’un homme est autorisé à avoir plusieurs, voire quatre femmes, dont la première a de l’autorité sur les autres. Le rôle des femmes consiste à servir l’homme, à augmenter son prestige social et surtout à lui assurer des descendants. Les différentes épouses subviennent aux besoins de la famille, partagent les tâches ménagères, l’éducation des enfants, le bonheur et la misère pour obtenir en contrepartie la protection de l’homme.

Cette prétendue « sécurité sociale « prive cependant la femme de toute liberté personnelle, de ses désirs et de ses besoins. En soumettant la femme à l’arbitrage de l’homme, elle n’est pas seulement déshumanisée en tant qu’individu, mais aussi décrédibilisée en tant qu’acteur social et politique parce qu’écartée des prises de grandes décisions. En absence du mari, c’est le fils aîné qui devient le chef de famille par intérim, situation qui humilie la femme en l’infantilisant. 

En dehors des faveurs de l’homme que la femme cherche à obtenir elle a aussi tout intérêt à se concilier avec les beaux-parents qui, pour ainsi dire, notent l’épouse en rendant des rapports au mari. Les femmes qui mettent en question ces principes ancestraux et divins sont considérées comme impies et infâmes et sont exposées au déshonneur et à l’expulsion de la communauté.

  • Dans quelles traditions la polygamie est-elle enracinée ?
  • Quels sont les arguments de l’homme pour légitimer la polygamie ?
  • Quels risques les femmes encourent-elles lorsqu’elles osent se révolter contre les principes ancestraux et divins ?
  • Quel rôle les beaux-parents jouent-ils ? Quel est le rôle du fils aîné ?

 

Lecture à haute voix

Passer autant de nuits avec l’une qu’avec l’autre - Ken Bugul,  Le baobab fou, 1982
Le mari était heureux et pendant deux mois consécutifs il dormit avec elle. Il en était ainsi, avant d’établir le roulement qui le ferait passer autant de nuits avec l’une qu’avec l’autre. Sa chambre donnait vers l’est. Le soleil la réveillait et la couchait. Elle fit son premier enfant un an plus tard. Maintenant elle était devenue une femme et partageait la vie avec la première épouse du père. (p. 30)

Assurer un descendant - Calixthe Beyala, Le petit prince de Belleville, 1992
Je suis un homme et Dieu m’a créé à son image. Et si lui, le tout puissant, a procédé aux partages des eaux, à la division de son peuple en douze tribus pour garantir sa pérennité, moi son fils, fidèle à sa volonté, fidèle à son esprit, j’assure ma descendance en misant sur plusieurs femmes, pour être certain qu’à la fin des temps, quand sonnera l’heure de la mort, j’aurai un descendant. Là s’explique la nécessité pour tout homme d’être polygame. (p. 49)

Ils en veulent quatre, dix, vingt, tchip - Sami Tchak, Al Capone le malien, 2011
« Oui, je confirme, ma jalouse Togolaise, tu as raison. Binétou Fall est ta rivale. Je suis musulman, tu le sais. Je peux donc aller jusqu’à quatre épouses. » Ils mêlèrent leurs éclats de rire. « A, les hommes ! Même avec une seule ils ont déjà du mal, ils te ronflent dans le dos, mais ils veulent quatre, dix, vingt, tchip ! » (p. 163)

 

La révolte de l‘épouse en héritage -  Mariama Bâ, Une si langue lettre, 1979

Mariama Bâ, romancière sénégalaise et féministe militante, fait exploser dans son roman la rancune accumulée de son héroïne, Ramatoulaye, à l‘occasion de la demande en mariage de la part de son beau frère Tamsiv, quelques semaines seulement après  la mort de son mari, Modou. Ce roman pionnier de la littérature féminine fait entendre à travers l’échange de lettres entre deux femmes, Ramatoulaye et Aissatou, la voix triste et douloureuse de deux femmes confrontées aux problèmes de la polygamie. Mariama Bâ revendique sa part de liberté dans une société patriarcale qui considère le plus souvent la femme comme bonne ou simple objet sexuel.

Projet de mise en scène et de réécriture/ rédaction d’un scénario/ théâtralisation/ travail en équipes

  • La famille polygame est forcément un lieu de grandes tensions. En équipes de deux ou trois, lisez les textes, modifiez et « gonflez » les dialogues, puis préparez la mise en scène de plusieurs situations conflictuelles ou aussi d’aveux, de solidarité entre les coépouses. Présentez d’abord


1.    la cause du conflit et les personnages,
2.    puis élaborez les dialogues
3.    tout en précisant aussi aux les gestes et mimes,
4.    les objets dont vous avez besoin
5.    et les déplacements dans l’espace.

Des situations conflictuelles
a)    entre les coépouses (confidences, rivalités, organisation du ménage, hiérarchies)
b)    les épouses et le mari,
c)    la belle fille et les beaux-parents,
d)    le fils aîné et sa mère / une autre femme
e)    les demi-frères, les demi-sœurs …


« Après ta sortie (sous entendu: du deuil), je t‘épouse. Tu me conviens comme femme et puis, tu continueras à habiter ici, comme si Modou n‘était pas mort. En général, c‘est le petit frère qui hérite de l‘épouse laissée par son aîné. Ici, c‘est le contraire. Tu es ma chance. Je t‘épouse. Je te préfère à l‘autre, trop légère, trop jeune. (...)
Cette fois je parlerai.
Ma voix connaît trente années de silence, trente années de brimades. Elle éclate, violente, tantôt sarcastique, tantôt méprisante.
-    As-tu jamais eu de l‘affection pour ton frère? Tu veux déjà construire un foyer neuf sur un cadavre chaud. Alors que l‘on prie pour Modou, tu penses à de futures noces.
« Ah! oui: ton calcul, c‘est devancer tout prétendant possible, devancer Mawdo, l‘ami fidèle qui a plus d‘atouts que toi et qui, également, selon la coutume, peut hériter de la femme. Tu oublies que j‘ai un cœur, une raison, que je ne suis pas un objet que l‘on se passe de main en main. Tu ignores ce que se marier signifie pour moi : c‘est un acte de foi et d‘amour, un don total de soi à l‘être que l‘on a choisi et qui vous a choisi. (J‘insistais sur le mot choisi.)
« Et tes femmes, Tamsir? Ton revenu ne couvre ni leurs besoins ni ceux de tes dizaines d‘enfants. Pour te suppléer dans tes devoirs financiers, l‘une de tes épouses fait des travaux de teinture, l‘autre vend des fruits, la troisième inlassablement tourne la manivelle de sa machine à coudre. Toi, tu te prélasses en seigneur vénéré, obéi au doigt et à l‘œil. Je ne serai jamais le complément de ta collection.“ (p. 108-110)
 
  • Décrivez la situation du conflit, puis faites éclater votre voix, violente, sarcastique et méprisante contre Tamsir qui veut vous épouser. Chaque membre du groupe choisit une plainte, une critique ou un cri de révolte qu’il jettera à la figure du prétendant au mariage, Tamsir, pour lui dires ses « quatre vérités ».
 
 

 Tuer l‘époux machiste, un meurtre symbolique - Calixthe Beyala,  C‘est le soleil qui m‘a brûlée, 1987

« Que fais-tu, chérie ? interroge-t-il d‘une voix ensommeillée. Viens donc près de moi.
-    Je rentre.
-    Hors de question, ma belle, dit-il en se redressant sur un coude. J‘ai payé ton ventre pour la nuit.
-    Il a rempli son rôle.
-    Tu dois tenir tes engagements. Ton corps m‘appartient jusqu‘à l‘aube. Un autre jour, ajoute-t-il, j‘aurais pu te laisser partir. Mais, ce soir, j‘ai besoin de l‘empreinte d‘une femme dans mon lit.
-    Je ne peux pas.“
Déjà, elle s‘habille, il bondit du lit et lui saisit les poignets.
„Lâche-moi !
- Non, petite putain ! Je ne te laisserai pas avant d‘avoir...“
Moi qui vous raconte cette histoire ... Je vois la femme déployer ses ailes, cracher le sperme aux pieds de l‘homme, lui balancer un lourd cendrier de cuivre sur le crâne. Je le vois tanguer plusieurs fois devant l‘assaut répété de la femme, puis se fracasser par terre. ... »
[Stock 1987, (Albin Michel), cité dans Chevrier, 2002, Anthologie africaine I, p. 210-212]
  • Modifiez et « gonflez » le texte, puis jouez le dialogue.

 

Ménage avec quatre femmes - Ken Bugul,  Le baobab fou, 1982
Elle était la seconde épouse d’un homme qui avait quatre femmes légales. Je me retrouvais dans une famille immense, tout ce monde habitait ensemble. Les femmes, les enfants, les neveux, la sœur du mari. (…)
Les quatre épouses se jalousaient à mort. Elles se battaient pour n’importe quoi en l’absence du mari. Elles rivalisaient à qui se soumettrait le plus à l’homme. Quand il rentrait le soir, elles arrangeaient leurs mouchoirs de tête, essuyaient leurs visage avec le pan de leur pagne et parfois on distinguait un gri-gri rouge enserrant le haut de la jambe, qui s’il avait des vertus comme talisman, n’en était pas moins une suggestion érotique. (…)
Les femmes s’agenouillaient devant lui, pour le saluer. Les enfants le saluaient, mais seules les petites filles faisaient une génuflexion. Tour à tour chaque femme prenait quatre jours pendant lesquels elle faisait la cuisine, dormait avec le mari, l’entourait de mille soins. Elle lui massait les pieds le soir, la tête baissée comme une servante antique. Elle s’accroupissait devant lui, prête à servir. La femme se donnait à l’homme. (p. 185-186)

  • Rédigez un scénario pour trois co-épouses, le mari et trois enfants
 
Réflexion / discussion
 
  • Peut-on imaginer qu’existe des ménages polygames où les coépouses s’entendent comme des sœurs ?
  • A votre avis, la polygamie est-elle liée au niveau d’instruction de la femme – et de l’homme ?
  • Quelles pourraient être les raisons qui pousseraient une femme instruite à s’engager dans un mariage polygamique.
  • La polygamie, déshumanise-t-elle la femme ?
 

Libertinage versus polygamie - Ken Bugul,  Le baobab fou, 1982

II ne voulait pas que nous soyons un couple bourgeois ; que voulait-il dire ? Décidément, là-bas au pays, nous ne suivions pas bien nos « ancêtres » ! Je pris ma leçon de libéralisme pour être dans le coup. Jean parlait, riait avec d’autres femmes, sortait avec elle, passait une partie de la nuit avec elles.
« Pourquoi n’en fais-tu pas autant » disait-il.
J’étais choquée.
« Je ne m’ennuie pas avec toi, répondais-je.
-    Ce n’est pas une question de s’ennuyer, c’est une question de vivre libre, de faire ce que tu veux.
-    Pour moi, faire ce que je veux, c’est justement rester à la maison, lire, écrire, attendre et je ne m’ennuie pas ; j’aime rester ainsi. (…) (p. 84)
Au village, là-bas, les hommes ne trompaient pas leurs femmes. Les soirées étaient passées ensemble, jusqu’à ce que l’homme jette son dévolu sur une autre femme au vu et au su de tout le monde et l’épouse. (…) (p. 86)
 
Analyse / commentaire / portrait d’un couple bourgeois

Dans la relation mythique entre Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre le mariage était considéré comme une institution bourgeoise répugnante où la femme se trouve sous la domination de son mari.

  1. Exposez et élucidez l’idée du libertinage de Jean.
  2. Pourquoi la femme se montre-elle choquée ? Qui est-elle ? Quelles traditions défend-elle ?
  3. Commentez la phrase : « Ce n’est pas une question de s’ennuyer, c’est une question de vivre libre, de faire ce que tu veux. »
  4. Commentez la citation de Jean Paul Sartre : « Il y a des mariages qui sont des enterrements » (Les Séquestrés D’Altona, 1959)
  5. Dressez le portrait d’un couple bourgeois /libertin et énumérez quelques problèmes qui en découlent.
 

La vingt-neuvième épouse - Ken Bugul, Riwan ou le Chemin de sable, 1999

Après sa mésaventure en Europe, une vie tumultueuse à la recherche de l‘identité d‘une femme moderne, de nouvelles valeurs et de nouveaux références, relaté dans son roman autobiographique „Le Baobab fou“, Ken Bugul, femme émancipée, retourne dans son pays natal, le Sénégal, en 1980, en constatant son échec: „J‘étais là comme une poupée brisée, abandonnée dans une poubelle, un soir, dans une rue déserte.“ Pour renouer avec ses origines et pour se réconcilier avec elle-même en effaçant les traces de son aliénation, Ken Bugul décide de devenir la vingt-neuvième épouse d‘un vieux marabout. En dressant l‘éloge paradoxal du milieu polygame et du mode de vie traditionnel, son livre, „Rivan ou le Chemin de sable“, l‘écrivaine se met à contre-courant des amazones africaines de l‘émancipation Calixthe Beyala et Mariama Bâ qui rejettent la subordination inconditionnelle à l‘homme.
J
‘avais désespérément voulu, sans le vouloir réellement au fond de moi-même, ressembler à la plupart des mes contemporaines, c‘est-à-dire fonctionner sur des clichés. Une femme moderne devait être dans un ménage monogamique, absolument, avoir deux ou trois enfants, se promener le week-end avec son mari et ses enfants, manger avec ui, dormir avec lui dans la même chambre, porter son nom à la place de son propre nom, celui de ses pères, être affichée partout avec lui et devant tout le monde et ceci pour le meilleur et pour le pire. Et gare à celle qui oserait regarder son mari qui était à elle toute seule. ...
Les premiers jours avec le Serigne se passèrent ainsi dans la volupté et l‘accoutumance à cette forme de vie nouvelle par rapport à ma mère, a mon environnement et à mes expériences passées. Personnellement, je me sentais en harmonie avec moi-même. Je guérissais comme d‘une longue et douloureuses plaie intérieure. J‘avais cette possibilité affective de recréer le lien perdu avec une partie de mon éducation traditionnelle ...
Ainsi le Serigne m‘avait offert et donné la possibilité de me réconcilier avec moi-même, avec mon milieu, avec mes origines, avec mes sources, avec mon monde sans lesquels je ne pourrais jamais survivre. J‘avais échappé à la mort de mon moi, de ce moi qui n‘était pas à moi toute seule. De ce moi qui appartenait aussi aux miens, à ma race, à mon peuple, à mon village et à mon continent.
Le moi de mon identité.
Ce village que j‘avais retrouvé, où j‘avais été acceptée mais pas la bienvenue au retour de mon errance douloureuse, ce village était à présent à mes genoux. Personne ne pouvait me saluer sans marque une révérence, verbale pour les plus âgés, ou par une génuflexion pour les plus jeunes. ...
L‘épouse si proche intellectuellement du Serigne était presque un Serigne. Tout à coup, je me retrouvais en grande dame dans ce village où j‘avais été rejetée, méprisée. Le Serigne m‘avait permis de retrouver ma place, cette place que personne ne pouvait occuper, cette place vide au milieu des miens, au centre de mon existence. Pour ma mère aussi c‘était important. Cette réhabilitation, ma réhabilitation, était aussi la sienne. Elle avait secrètement souffert de ce que je représentait, de ce que le chemin de sable avait enseveli, comme commérages, les sous-entendus et les malentendus encaissés. D‘une certaine facon j‘étais plus que réhabilitée, j‘étais consacrée.
Je prends du poids, j‘embellissais.
[Cité dans Chevrier, 2002, Anthologie africaine I, p.216-219]


La prostitution - une assurance vie pour la famille -
Calixthe Beyala, Tu t'appelleras Tanga, 1988
La vieille la mère s‘impatientait, piaffait.
„dépêche-toi, sinon tu vas le louper.
-    Calme-toi Mâ. Même si je suis en retard, il m‘attendra.
-    Il faut en profiter ma fille, parce que, quand le temps va te manger, hé hé... Personne ne va plus t‘attendre. Même pas un chien.“
Je l‘écoutais, je me voyais en ruine, un épouvantail qui éloignait même les vautours. ...
Je la conduisais au fauteuil le plus proche. Elle se laissait choir et éclatait en sanglots.
„Qu‘est-ce que je vais devenir ma fille, qu‘est-ce que je vais devenir?
-    Tant que mon cul marche, pas de problèmes.
-    tu ne me laisseras pas seule, hein ma fille?
-    Non, Mâ.
-    Jure.
-    Je te le jure.“ ...
Elle encore, elle avait son ciel au bout.
Moi, je devais continuer mon œuvre. Comploter mon charme. De l‘argent, de l’argent pour la vieille. Plaire. Plaire. Plaire. ... Je le haïssais. Je l traînais dans les rues, cafardeuse, l‘attention braquée sur ces cohortes d‘hommes, adolescents, jeunes, vieux, ces hommes incapables de monter du cul au cœur. Impuissants de sentiments. Rien que le sexe levé telle une baguette magique. Je passais, je les comptais. Un. Deux. trois mille. tumeur des villes. Crasseux. Graisseux. Ils surgissaient dans mon champ visuel, herbus, ridés, imberbes. Ils se relayaient autour de moi, sur mois... Travail à la chaîne.
[Stock, 1988, (Albin Michel), cité dans Chevrier, 2002, Anthologie africaine I, p. 213-214]

 

La polygamie et la profusion d’enfants - Fatou Diome, Le ventre de l’Atlantique, 2003
La polygamie, la profusion d’enfants, tout cela constitue le terreau fertile du sous-développement. Nul besoin de faire des mathématiques supérieures pour comprendre que plus il y a de gens, moins grande sera la part de pain à partager. (p. 179)

 


Les enfants soldats

En dehors du travail des enfants un grand nombre de mineurs est également enrôlé dans des conflits armés dans le contexte des guerres civiles comme au Liberia, au Mozambique, en Angola, en Sierra Leone ou au Soudan pour ne citer que quelques pays.  Chaque jour la guerre fait des milliers de morts et de blessés en Afrique, dont la moitié sont des enfants, ces êtres innocents, vulnérables, fragiles et sans défense.  Des générations entières d’enfants de guerre ou d’enfants soldat sont arrachées à leurs familles ou capturés dans les rues pour servir une idéologie belliqueuse qui ne se soucie pas de leur vie. Ils sont utilisés pour exécuter toutes sortes de tâches : combattants, espions, poseurs de mines, messagers, porteurs ou encore pour servir de bouclier humain. Les filles qui ne participent pas au combat servent souvent d’esclaves sexuelles aux officiers. Tous ces enfants sont exposés à une violence homicidaire à large échelle et sacrifiés au sein d’une armée gouvernementale ou dans les combats d’une guérilla révolutionnaire. L’usage fréquent de drogue, d’alcool, du chantage et de la force font des enfants des objets manipulés par leur maître.

L’UNICEF a révélé dans des enquêtes qu’en 1994 à peu près 20% des 60.000 combattants au Liberia étaient des enfants de moins de 17 ans ; au Mozambique plus de 10.000 enfants ont été enrôlés de force dans la guerre civile, certains de ces enfants avaient à peine 6 ans. Ils ont été séparés de leur famille, ont été témoins de meurtres, d’abus physiques ou de torture, de kidnapping et ont été entraînés comme combattants. En plus ces multiples conflits armés détruisent les foyers des enfants, désintègrent leurs communautés, paralysent leur apprentissage et développement et détériorent leur confiance envers le monde des adultes. Selon le rapport annuel de l’UNICEF de l’année 2000 plus de 2 millions d’enfants ont été victimes des conflits armés ou ont trouvé la mort pendant les dix dernières années. (Rapport annuel de l’UNICEF. New York 2000. Fonds des Nations Unies pour l’enfance, p. 14.)

Autour du texte
1.    Quel est le deuxième fléau des enfants en dehors du fait qu’ils sont souvent contraints au travail ?
2.    A quelles tâches les enfants soldat sont-ils destinés ? Citez quelques exemples.
3.    Dans quels pays les enfants ont été contraints à prendre les armes ? Citez-en quelques-uns.
4.    De quels événements les enfants sont souvent témoin ?
5.    Quel est le nombre des enfants victimes des conflits armés selon le rapport annuel de l’UNICEF de l’année 2000 ?

Clip – Importé par 7 jours sur 7 sur la planète : Enfants soldats au Congo – Serge. 7 min 52 : 23 mars 2010. Serge, ancien enfant soldat en RDC, raconte les circonstances de son enrôlement dans une milice rebelle congolaise et de sa vie ... [http://www.youtube.com/watch?v=Mwttno1-6sQ]

 

Clip - France 3 : Reportage Enfants soldats.  3 min 24 : 11 fév. 2009.
A la Haye la Cour pénale internationale poursuit depuis une semaine son difficile procès sur l’enrôlement des enfants soldats en République Démocratique du Congo. Thomas Lubunga, ancien chef de la milice est poursuivi pour crime de guerre. Il est accusé d’avoir forcé des centaines d’enfants à devenir des meurtriers souvent sous l’emprise de l’alcool …
[http://www.dailymotion.com/video/x8c1tn_france3-reportage-enfants-soldats_news]

 

Cf. aussi sur Radio-Canada : Le chef de guerre congolais, Thomas Lubanga, sera le premier individu à comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).Il est accusé d'avoir enrôlé des enfants âgés de moins de 15 ans et de les avoir fait participer aux hostilités dans la province d'Ituri, pendant la guerre qui a sévi de 1998 à 2003 en République démocratique du Congo.
Lors des audiences, l'accusation a expliqué que des garçons et des fillettes, dont certains avaient à peine 10 ans, avaient été enlevés dans les rues par des hommes armés et emmenés dans des camps où on leur a appris le maniement des armes à feu et où on leur donnait fréquemment de la marijuana pour alléger leurs craintes.
[http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2007/01/29/007-lubanga-CPI-enfants.shtml]



Le fléau des enfants-soldats est loin d’être résolu et continue de s’abattre sur des milliers d’enfants aujourd’hui même.

Moussa Ramdé, Un enfant sous les armes et autres nouvelles, 2010

Je suis soldat. Je suis né soldat. Je vis dans la guerre. J’ai grandi dans la guerre. Je suis dans la guerre. Je me nourris de la guerre. Ne cherchez pas à savoir pourquoi je suis devenu soldat. Tout comme on ne demande pas à l’enfant d’un forgeron pourquoi il est forgeron, n’attendez pas que je vous dise pourquoi je suis soldat. Lorsque j’ouvrais les yeux pour la première fois dans ce monde, je n’ai vu que des hommes en tenue, armés. Les tous premiers bruits qui me sont parvenus ont été le crépitement des armes, la déflagration des obus. La première bouffée d’air que j’ai avalée a été la fumée des canons. La première rivière que j’ai traversée a été une mare de sang, le seul et unique métier que j’ai appris, c’est appuyer sur la gâchette …
Quand, pour la première fois, j’ai demandé à ma mère qui était mon père, j’ai vu ses yeux saigner abondamment, son corps trembloter et sa bouche remuer, incapable d’articuler le moindre nom. J’ai tout de suite compris… Je lui ai présenté mes excuses. D’ailleurs, elle n’avait pas à s#imposer une gêne… La vérité, je la sais… Mon père, c’est ce morphinomane là-bas qui se balade, la kalachnikov en main, ou peut-être ce soldat, de ce coté là, qui lutine cette fillette innocente à peine rentrée dans la puberté ou peut-être cet homme, encor plus loin, qui se noie dans l’alcool ou probablement ce mec qui se fume de l’autre coté, sous les arbres, avec son opium pour enrager ses nerfs…  Non ! … Mon père, c’est plutôt tous ces hommes en arme, qui viennent et qui repartent sans cesse.
Ma mère a été enlevée, comme d’autres femmes d’ailleurs, dans son jeune âge, au début de la mutinerie et faite prisonnière ou plutôt esclave sexuelle. Bonne à tout faire et femme de tous ces soldats dissidents du Congo, elle a vécu, au point de devenir apathique, toutes sortes de violence : Corvée, menace, bastonnade, torture, viol systématique, mutilation, humiliation … (p. 9-19)

Serge Amisi, Souvenez-vous de moi, l’enfant de demain. Carnets d’un enfant de guerre, 2011
(Traduis du lingala par l’auteur) Avant-propos

Ce livre est le récit de ma vie et de celle d’autres enfants qui m’ont accompagné dans ces moments difficiles, beaucoup ne sont plus là mais leurs histoires restent avec moi, et je les ai reprises sous forme de fictions ou comme si c’était ma propre histoire. On dit de nous que nous sommes des enfants de la guerre, des enfants soldats, des kadogos, mais nous étions des enfants dans la guerre. Je n’ai pas voulu être dans la guerre, on m’a obligé à tenir l’arme, et je n’ai plus eu de parents, je n’ai plus eu de famille, je n’ai plus eu rien d’autre que l’armée, que mon arme, mon arme qu’on m’ad dit c’est mon père et ma mère. J’ai connu beaucoup d’horreur, mais la guerre était forte et je n’étais qu’un enfant dans tous ces éclats de bombes et dans ces choses que je ne comprenais pas toujours. Je me suis demandé : « Pourquoi ça arrive ``a moi ? » Mais on m’a arraché des miens et on m’a fait perdre l’espoir de redevnir un jour civil. (p. 7)


La marche vers la nourriture: Yann Mens, Champ de mines, 2007

Soyaan n’a rien mangé depuis deux jours et pourtant il continue à marcher. La lumière du soleil d’Afrique l’aveugle, ses jambes tremblent à chaque pas.
Il a peur de tomber et de ne plus pouvoir se relever. Mais la garçon marche, sans jamais s’arrête3r. Avant de mourir sur le bord de la route, sa mère le lui a ordonné :
-    Tu dois avancer vers la ville. C’est là qu’on distribue la nourriture. Va, mon fils !
(…) Parfois, un camion chargé d’hommes armés dépasse le garçon. Soyaan se cache dans le fossé pour ne pas 1etre vu. Plusieurs bandes se font la guerre dans le pays. Depuis que le président du pays est mort, trois ans plus tôt, leurs chefs se battent pour prendre sa place. (…)
La nuit dernière, il est monté dans un arbre pour dormir. Il avait peur des bêtes sauvages. Le couteau le rassurait un peu, mais il a eu du mal à trouver le sommeil. (…)
Il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis des mois et le ciel est bleu, désespérément bleu. (…)
Bientôt, Soyaan aperçoit un long ruban noir dont la couleur tranche sur la terre rouge. C’est une piste d’aviation. Un gros appareil blanc vire au-dessus du terrain. Il va se poser, le garçon en est sûr. (…)
Soyaan n’a pas vu les barbelés qui entourent le terrain, au ras du sol. Ses jambes s’enroulent dans les fils de fer. (…)
-    [Paula, l’infirmière] Là, regarde. Il y a quelqu’un allongé !
Ali sort lentement les jumelles de l’étui qu’il porte à la ceinture.
-    C’est un gamin. Il a les pies coincés dans le barbelé. (…)
-    [Paula] Il faut aller le chercher. Reste là.
L’infirmière se dirige vers la savane. Mais la voix d’Ali l’arrête.
-    Non ! Le terrain est miné tout autour de la piste. Et le gamin est juste au miliue.
-    Mais on ne peut pas le laisser là-bas ! protes Paola (…)
-    Nous ne pouvons rien faire. Il faut qu’il se débrouille seul. (…) Pourquoi veux-tu le sauver à tout prix ? Il est allé se fourrer dans un champ de mines, tant pis pour lui !
(p. 4-11)


Les enfants soldats - Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé, 2000

L’auteur relate dans son livre-pamphlet exceptionnellement crue et réaliste le drame déplorable des guerres civiles et religieuses de l’Afrique de l’Ouest à travers le récit accablant d’un enfant-soldat, orphelin, d’une douzaine d’années qui gagne son pain avec sa kalachnikov pour survivre. Ce que Kourouma qui n’hésite pas à dévoiler les noms des dictateurs et dirigeants politiques responsables de ces crimes contre l’humanité condamne surtout, c’est l’utilisation des enfants innocents dans ces conflits meurtriers poussés à commettre les crimes les plus affreux.
Le protagoniste et narrateur du roman  Allah n'est pas obligé d’Ahmadou Kourouma, Birahima, déclare que « L’enfant-soldat est le personnage le plus célèbre de cette fin du XXe siècle ». C’est pour cette raison qu’il a décidé de « raconter sa vie de merde » afin de dévoiler au monde l’enfer que ces enfants vivent quotidiennement. Allah n’est pas obligé est un réquisitoire contre l’exploitation des enfants orphelins à des fins de guerres fratricides en Sierra Léone et au Libéria. C’est un appel au secours qui doit nous faire réfléchir sur le sort des centaines de milliers d’enfants-soldats à travers le monde qui sont enrôlés à l’heure actuelle dans des guerres ethniques et religieuses des républiques corrompues et foutues » par des rebelles assoiffés de pouvoir politique pour servir d’éclaireurs, d’espions, de messagers, de garde du corps, de poseurs de mines, de boucliers humains et de tueurs.

4e de couverture
 « Je m'appelle Ibrahima. J'aurais pu être un sale gosse comme les autres (dix ou douze ans, selon les sources), ni meilleur ni pire, si j'étais né ailleurs que dans un foutu pays d'Afrique. Mais mon père est mort. Et ma mère, qui marchait sur les fesses, elle est morte aussi. Alors je suis parti à la recherche de ma tante Mahan, ma tutrice. C'est Yacouba qui m'accompagne. Yacouba, le féticheur, le multiplicateur de billets, le bandit boiteux. Comme on n'a pas de chance, on doit chercher partout, dans le Liberia et la Sierra Leone de la guerre tribale. Comme on n'a pas de sous, on doit s'embaucher, Yacouba comme grigriman et moi comme enfant-soldat. De camp  retranché en ville investie, de bande en bande de bandits de grand chemin, j'ai tué pas mal de gens avec mon kalachnikov. C'est facile. On appuie et ça fait tralala. Je ne sais pas si je me suis amusé. Je sais que j'ai eu beaucoup mal. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas. »
Ahmadou Kourouma (1927 - 2003) - Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, août 2000, 4e de couverture,  Prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2000.

Les enfants-soldats I
Portrait de Birahima, l’enfant-soldat

« Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est Allah n'est  pas obligé d'être juste dans toutes ses choses ici-bas. Voilà. Je commence à conter mes salades.
Et d'abord... et un... M'appelle Birahima. Suis p'tit nègre. Pas parce que suis black et gosse. Non! Mais suis p'tit nègre parce que je parle mal le français. C'é comme ça. Même si on est grand, même vieux, même arabe, chinois, blanc, russe, même américain; si on parle mal le français, on dit on parle p'tit nègre, on est p'tit nègre quand même. Ça, c'est la loi du français de tous les jours qui veut ça.
... Et deux... Mon école n'est pas arrivée très loin; j'ai coupé cours élémentaire deux. J'ai quitté le banc parce que tout le monde a dit que l'école ne vaut plus rien, même pas le pet d'une vieille grand-mère. (C'est comme ça on dit en nègre noir africain indigène quand une chose ne vaut rien. On dit que ça vaut pas le pet d'une vieille grand-mère parce que le pet de la grand-mère foutue et malingre ne fait pas de bruit et ne sent pas très, très mauvais.) L'école ne vaut pas le pet de la grand-mère parce que, même avec la licence de l'université, on n'est pas fichu d'être infirmier ou instituteur dans une des républiques bananières corrompues de l'Afrique francophone. (République bananière signifie apparemment démocratique, en fait régie par des intérêts privés, la corruption.) Mais fréquenter jusqu'à cours élémentaire deux n'est pas forcément autonome et mirifique. On connaît un peu, mais pas assez; on ressemble à ce que les nègres noirs africains indigènes appellent une galette aux deux faces braisées. On n'est plus villageois, sauvages comme les autres noirs nègres africains indigènes: on entend et comprend les noirs civilisés et les toubabs sauf les Anglais comme les Américains noirs du Liberia. Mais on ignore géographie, grammaire, conjugaisons, divisions et rédaction; on n'est pas fichu de gagner l'argent facilement comme agent de l'Etat dans une république foutue et corrompue comme en Guinée, en Côte-d'Ivoire, etc., etc.»
… Et trois… suis insolent, incorrect comme barbe d’un bouc et parle comme un salopard. Je dis pas comme les nègres noirs africains indigènes bien cravatés : merde ! putain ! salaud ! J’emplie les mots malinkés comme faforo ! (Faforo ! signifie sexe de mon père ou du père ou de ton père.) (…) Les Malinkés, c’est ma race à moi. C’est la sorte de nègres noirs africains indigènes qui sont nombreux au nord de la Côte-d’Ivoire, en guinée et dans d’autres républiques bananières et foutues comme Gambie, Sierra Leone et Sénégal là-bas, etc.
… Et quatre… je veux bien m’excuser de vous parler vis-à-vis comme ça. Parce que je ne suis qu’un enfant. Suis dix ou douze (il y a deux ans grand-mère disait huit et maman dix) et je parle beaucoup. Un enfant poli écoute, ne garde pas la palabre… (…) Mais moi depuis longtemps je m’en fous des coutumes du village, entendu que j’ai été au Liberia, que j’ai tué beaucoup de gens avec kalachnikov (ou kalach) et me suis bien camé avec kanif et les autres drogues dures.
… Et cinq… Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire et tertio le dictionnaire Harrap’s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots, à vérifier les gros mots et surtout à les expliquer. Il faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte de gens : des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’Afrique et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de chercher, de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de France aux noirs nègres indigènes d’Afrique. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’Afrique explique les gros mots africains aux toubabs français de France. Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin.
Comment j’ai pu avoir ces dictionnaires ? Ça, c’est une longue histoire que je n’ai pas envie de raconter maintenant. Maintenant je n’ai pas le temps, je n’ai pas envie de me perdre dans du blabla. Voilà c’est out. A faforo (cul de mon papa) !
… Et six… C’est vrai, suis pas chic et mignon, suis maudit parce que j’ai fait du mal à ma mère. Chez les nègres noirs africains indigènes, quand tu as fâché la maman et si elle est morte avec cette colère dans son cœur elle te maudit, tu as la malédiction. Et rien ne marche chez toi et avec toi.

Me voilà présenté en six points pas une de plus en chair et en os avec en plume ma façon incorrecte et insolente de parler. (Ce n’est pas en plume qu’il faut dire mais en prime. Il faut expliquer en prime aux nègres noirs africains indigènes qui ne comprennent rien à rien. D’après Larousse, en prime signifie ce qu’on dit en plus, en rab.)
Voilà ce que je suis ; c’est pas un tableau réjouissant. Maintenant, après m’être présenté, je vais vraiment, vraiment conter ma vie de merde de damné.
Asseyez-vos et écoutez-moi. Et écrivez tout et tout. Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses. Fafaro (sexe de mon papa) !

Avant de débarquer au Liberia, j’étais un enfant sans peur ni reproche. Je dormais partout, chapardais tout et partout pour manger. Grand-mère me cherchait des jours et des jours : c’est ce qu’on appelle un enfant de la rue. J’étais un enfant de la rue. Avant d’être un enfant de la rue, j’étais à l’école. Avant ça, j’étais un bilakoro au village de Togobala. (Dilakoro signifie, d’après l’inventaire des particularités lexicales, garçon non circoncis.) Je courais dans les rigoles, j’allais aux champs, je chassais les souris et les oiseaux dans la brousse. Un vrai enfant nègre noir africain broussard. Avant tout ça, j’étais un gosse dans la case avec maman. Le gosse, il courait entre la case de maman et la case de grand-mère. Avant tout ça, j’ai marché à quatre pattes dans la case de maman. Avant tout ça, j’étais peut-être dans le vent, peut-être un serpent, peut-être dans l’eau. On est toujours quelque chose comme serpent, arbre, bétail ou homme ou femme avant d’entrer dans le ventre de sa maman. On appelle ça la vie avant la vie. J’ai vécu la vie avant la vie. Gnamokodé (bâtardise) !
Ce texte représente le début du roman Allah n'est pas obligé d’Ahmadou Kourouma, Paris : Editions du Seuil, septembre 2000, p. 7-11.

Activités autour du texte :
•    Trouvez des titres pour les six parties du texte qui résument l’essentiel du contenu.
…Et un …
1.    Birhaima se présente comme un « p’tit nègre ». Analysez et commentez la situation.
…Et deux …
2.    A quel niveau Birhaima a-t-il quitté l’école ? Quel est, selon votre avis, le niveau minimum scolaire requis pour survivre dans la société ? Quels sont les compétences primordiales que l’on devrait acquérir à l’école ?
3.    Quelle est la valeur de l’école en Afrique d’après l’extrait du texte ?
4.    Commentez l’énoncé que l’école ne vaut même pas « le pet d’une vielle grand-mère. »
5.    Qu’est-ce qu’une « république bananière » ?
6.    Analysez l’énoncé « nègre noir africain indigène ».
7.    Qu’est-ce que » les nègres noirs africains indigènes appellent une galette aux deux faces braisées » ?
…Et trois …
8.    Qui sont les « Malinkés » ?
9.    Quels sont les termes employés par les africains « bien cravatés » ? De quel registre de langue font-ils partie ? Que signifie le terme malinké « faforo » ?
10.    Par quel procédé de style pouvez-vous expliquez l’opposition entre le langage des noirs civilisés et le langage des Malinkés ?
11.    Citez quelques « républiques bananières ». Quels sont, selon vous, les principes qui définissent un Etat démocratique.
…Et quatre …
12.    De quoi Birhaima veut-il s’excuser ?
13.    Comment définit-il « un enfant poli » ?
14.    Pourquoi est-il différent des autres enfants ?
…Et cinq …
15.    Enumérez les titres des quatre dictionnaires utilisés par Birhaima.
16.    Dans quel but se sert-il de ces dictionnaires ?
17.    Quels sont des trois catégories de public auxquelles Birhaima s’adresse ?
18.    Quelle est la spécificité de chaque dictionnaire ?
…Et six …
19.    Pourquoi Birhaima pense-t-il être un enfant « maudit » ?
•    Dressez le portrait de Birhaima en commençant par « la vie avant la vie ».
•    Aimeriez-vous lire ce livre ? Enumérez des raisons pour ou contre la lecture du livre en complétant le tableau ci-dessus :

Raisons pour la lecture du livre
-    Vouloir connaître plus sur la vie des enfants en difficulté et notamment sur les enfants soldats
-    Etre captivé par le début du récit, par la vie de Birhaima   
-    être confronté avec la mort, la violence, la cruauté

-    ..........

Raisons contre la lecture du livre

-    peur de la dureté du roman
-   
avoir du mal à supporter des descriptions crues
-    ..........

Travail sur la langue :
1.    Relevez quelques fautes de grammaire ou de syntaxe et des façons de parler inhabituelles que vous corrigerez.
2.    En groupes de deux ou trois, cherchez dans le texte des expressions familières, populaires et argotiques. En plenum, inscrivez-les sur un transparent en complétant la liste ensemble et faites des propositions pour traduire les termes en français standard.
3.    Retranscrivez les énoncés suivants en français standard.
« M'appelle Birahima. Suis p'tit nègre. Pas parce que suis black et gosse. Non! Mais suis p'tit nègre parce que je parle mal le français. C'é comme ça…
4.    Corrigez l’emploi du discours indirect : « … tout le monde a dit que l'école ne vaut plus rien… »
5.    Corrigez : « Suis dix ou douze et je parle beaucoup. »
6.    Existe-t-il dans votre pays (région) des particularités lexicales ? Lesquelles ? Essayez de les traduire en français.

Tâche :
1.    Un apprenant-spécialiste fait une recherche sur l’emploi du terme « parler petit nègre ». Que signifie ce terme ? Quand et dans quel contexte a-t-il été utilisé ? Quelles sont les connotations associées à ce terme ?

Les enfants-soldats II
Pourquoi devient-on un enfant-soldat ? - Oraison funèbre de Kik
 « Nous avons laissé Kik aux humains du village alors que Sarah avait été abandonnée aux animaux sauvages, aux insectes. Qui des deux avait le sort le plus enviable ? Certainement pas Kik. C’est la guerre civile qui veut ça. Les animaux traitent mieux les blessés que les hommes.
Bon ! comme Kik devait mourir, était déjà mort, il fallait faire son oraison funèbre. Je veux bien la dire parce que Kik était un garçon sympa et que son parcours n’a pas été long. (Parcours, c’est le trajet suivi par un petit toute sa courte vie sur terre, d’après mon Larousse.)
Dans le village de Kik, la guerre tribale est arrivée vers dix heures du matin. Les enfants étaient à l’école et les parents à la maison. Dès les premières rafales, les enfants gagnèrent la forêt. Kik gagna la forêt. Et, tant qu’il y eut du bruit dans le village, les enfants restèrent dans la froêt. Kik resta dans la forêt. C’est seulement le lendemain matin, quand il n’y eut plus de bruit, que les enfants s’aventurèrent vers leur concession familiale. Kik regagna la concession familiale et trouva son père égorgé, son frère égorgé, sa mère et sa sœur violées et les têtes fracassées. Tous ses parents proches et éloignés morts. Et quand on n’a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on ?
Bien sûr on devient un enfant-soldat, un small-soldier, un child-soldier pour manger et pour égorger aussi à son tour ; il n’y a que ça qui reste. »
Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, septembre 2000, p. 94-95.

 

Les enfants-soldats III
Pourquoi devient-on un enfant-soldat ? - Oraison funèbre de Kik
 « Nous avons laissé Kik aux humains du village alors que Sarah avait été abandonnée aux animaux sauvages, aux insectes. Qui des deux avait le sort le plus enviable ? Certainement pas Kik. C’est la guerre civile qui veut ça. Les animaux traitent mieux les blessés que les hommes.
Bon ! comme Kik devait mourir, était déjà mort, il fallait faire son oraison funèbre. Je veux bien la dire parce que Kik était un garçon sympa et que son parcours n’a pas été long. (Parcours, c’est le trajet suivi par un petit toute sa courte vie sur terre, d’après mon Larousse.)
Dans le village de Kik, la guerre tribale est arrivée vers dix heures du matin. Les enfants étaient à l’école et les parents à la maison. Dès les premières rafales, les enfants gagnèrent la forêt. Kik gagna la forêt. Et, tant qu’il y eut du bruit dans le village, les enfants restèrent dans la froêt. Kik resta dans la forêt. C’est seulement le lendemain matin, quand il n’y eut plus de bruit, que les enfants s’aventurèrent vers leur concession familiale. Kik regagna la concession familiale et trouva son père égorgé, son frère égorgé, sa mère et sa sœur violées et les têtes fracassées. Tous ses parents proches et éloignés morts. Et quand on n’a plus personne sur terre, ni père ni mère ni frère ni sœur, et qu’on est petit, un petit mignon dans un pays foutu et barbare où tout le monde s’égorge, que fait-on ?
Bien sûr on devient un enfant-soldat, un small-soldier, un child-soldier pour manger et pour égorger aussi à son tour ; il n’y a que ça qui reste. »
Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, septembre 2000, p. 94-95.


Les enfants-soldats IV
Les promesses
« Il est venu un matin me voir. Il m’a pris a part et, en secret, il m’a fait des confidences. Le Liberia était un pays fantastique. Son métier à lui, multiplicateur de billet de banque, était un boulot en or là-bas. On l’appelait là-bas grigriman. Un grigriman est un grand quelqu’un de là-bas. Pour m’encourager à partir, il m’a appris des tas d’autres choses sur le Liberia. Faforo (sece de mon papa) !
Des choses merveilleuses. Là-bas, il y avait la guerre tribale. Là-bas, les enfants de la rue comme moi devenaient des enfants-soldats qu’on appelle en pidgin américain d’après mon Harrap’s small-soldiers. Les small-soldiers avaient tout et tout. Ils avaient des kalachnikov. Les kalachnikov, c’est des fusils inventés par un Russe qui tirent sans s’arrêter. Avec les kalachnikov, les enfants-soldats avaient tout et tout. Ils avaient de l’argent, même des dollars américains. Ils avaient des chaussures, des galons, des radios, des casquettes, et même des voitures qu’on appelle aussi des 4 x 4. J’ai crié Walahé ! Walahé ! Je voulais partir au Liberia. Vite et vite. Je voulais devenir un enfant-soldat, un small-soldier. Un enfant-soldat ou un soldat-enfant, c’est kif-kif pareil. Je n’avais que le mot small-soldier à la bouche. Dans mon lit, quand je faisais caca ou pipi, je criais seul small-soldier, enfant-soldat, soldat-enfant !
Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, septembre 2000, p. 41-42.

•    Par quels moyens le grigriman réussit-il à persuader Birhaima de partir avec lui au Liberia pour devenir un enfant-soldat ?
•    A votre avis, dans quelle situation de départ se trouvent les enfants lorsqu’ils sont recrutés comme enfants-soldats.
•    Quels sont les phantasmes qu’ils développent ?

Les enfants-soldats V
On trouve tout à des prix cadeaux
« Dans toutes les guerres tribales et au Liberia, les enfants-soldats, les small-soldiers ou children-soldiers ne sont pas payés. Ils tuent les habitants et emportent tout ce qui est bon à prendre. Dans toutes les guerres tribales et au Liberia, les soldats ne sont pas payés. Ils massacrent les habitants et gardent tout ce qui est bon à garder. Les soldat-enfants et les soldats, pour se nourrir et satisfaire leurs besoins naturels, vendent au prix cadeau tout ce qu’ils ont pris et on gardé.
C’est pourquoi on trouve tout à des prix cadeaux au Liberia. De l’or au prix cadeau, du diamant au prix cadeau, des télévisions au prix cadeau, des 4 x 4, cadeau, de pistolets et des kalachnikov ou kalach, cadeau, tout et tout au prix cadeau.
Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, septembre 2000, p. 49-50

Les enfants-soldats VI
Le guet-apens des coupeurs de route
Le petit, un vrai kid (signifie d’après mon Harrap’s gamin, gosse), un vrai bout d’homme, juste au tournant, juste et juste. La moto chargée de notre protection circulait devant, n’a pas pu stopper net au signal du bout d’homme. Les gars qui étaient sur la moto avaient cru que c’étaient des coupeurs de route. Ils ont tiré. Et voilà le gosse, l’enfant-soldat fauché, couché, mort, complètement mort. Walahé ! Faforo !
Vint un instant, un moment de silence annonçant l’orage. Et la forêt environnante a commencé à cracher tralala… tralala… tralala… de la mitraillette. Les tralala… de la mitraillette entraient en action. Les oiseaux de la forêt ont vu que ça sentait mauvais, se sont levés et envolés vers autres cieux plus reposants. Tralala de mitraille arrosèrent la moto et les gars qui étaient sur la moto, c’est-à-dire le conducteur de moto et le mec qui faisait le faro avec kalachnikov derrière la moto. (Le mot faro n’existe pas dans le Petit Robert, mais ça se trouve dans Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire.
Ça veut dire faire le malin.) Le conducteur de moto et le mec qui faisait faro derrière la moto étaient tous deux morts, complètement, totalement morts. Et malgré cela la mitraillette continuait tralala… ding ! tralala… ding ! Et sur la route, par terre, on voyait déjà le gâchis : la moto flambait et les corps qui étaient mitraillés, remitraillés, et partout du sang, beaucoup de sang, le sang ne se fatiguait pas de couler. A faforo ! ça continuait son manège, ça continuait sa musique sinistre de tralala. (Sinistre signifie sombre, effrayant, terrifiant.) […]
Nous avons vu apparaître un enfant-soldat. Un small-soldier, c’était pas plus haut que le stick d’un officier. Un enfant-soldat en tenue de parachutiste beaucoup trop grande. C’était une fille. Ça sortait d’un pas hésitant. (C’est comme ça on dit quand le pas est peureux, mal assuré.) Et puis ça a regardé le travail accompli par la mitraille, examiné comme si un mec pouvait se relever alors que tout le monde était mort et même le sang était fatigué de couler. Il s’est arrêté et puis ça a sifflé et resifflé fort. Et de partout on débouché des enfants-soldats, tous habillés pareil que le premier, tous faisant le faro avec le kalach.
Ça nous a encerclés d’abord et puis ça a crié : « Descendez des cars les mains en l’air », et nous avons commencé à descendre les mains en l’air », et nous avons commencé à descendre les mains en l’air.
Les enfants-soldats étaient en colère, rouges de colère. (On doit pas dire pour des nègres rouges de colère. Les nègres ne deviennent jamais rouges : ils se renfrognent.) Donc les small-soldiers s’étaient renfrognés ; ils pleuraient de rage. Ils pleuraient leur camarade qui était mort.
Nous avons commencé à descendre. Un à un, l’un à la suite de l’autre. Un soldat s’occupait des bijoux. Il arrachait les boucles d’oreilles et les colliers et les mettait dans un sac que tenait un autre. Les enfants-soldats décoiffaient, déshabillaient, déchaussaient chacun. Si le caleçon était beau, le prenaient. Les habits étaient mis à côté en tas, plusieurs tas : celui des chaussures, celui des coiffures, des pantalons, des caleçons. Le passager totalement nu essayait s’il était un homme de mettre la main maladroitement sur son bangala en l’air, si c’était une femme sur son gnoussou-gnoussou. (Bangala et noussou-gnoussou sont les noms des parties honteuses d’après Inventaire des particularités lexicales en Afrique noire.) Mais les enfants-soldats ne le laissaient pas faire. Manu militari, ils commandaient aux passagers honteux de foutre le camp dans la forêt. […]
Vint mon tour. J’ai pas laissé me monter sur les pieds moi aussi. J’ai chialé comme un enfant pourri … Ils ont commencé à me déshabiller et moi j’ai continué à chialer, à chialer : « Small-soldier, moi enfant-soldat. Moi soldat-enfant. » Ils m’ont commandé de joindre la forêt, j’ai refusé et suis resté le bangala en l’air. Je m’en fous de la décence. Je suis un enfant de la rue. (décence signifie respect des bonnes mœurs d’après le Petit Robert.) Je m’en fous des bonnes mœurs, j’ai continué à chialer.
Un des enfants-soldats a braqué le kalasch dans mon cul et m’a commandé « Avale, avale ! » et je me suis makou. Je tremblais, mes lèvres tremblaient comme le fondement d’une chèvre qui attend un bouc. (Fondement signifie anus, fesses.) J’avais envie de faire pipi, de faire caca, de tout et tout. Walahé !
Allah n'est pas obligé, Editions du Seuil, septembre 2000, p. 51-56




La circoncision et l'excision

L’excision est le rite de passage pour les femmes qui correspond à la circoncision (du latin circumcisio, « couper autour »)  chez les hommes. Elle consiste, selon les différents pays et coutumes, en l’ablation des petites lèvres et/ou du clitoris chez la femme et l’ablation totale ou partielle du prépuce chez l’homme, laissant ainsi le gland du pénis à découvert. Dans les deux cas il s’agit d’un rite ancestral et les jeunes enfants doivent surmonter la douleur aiguë pour montrer qu’ils sont prêts à aborder les tourments de la vie adulte. L’excision est une mutilation génitale féminine qui est illégale dans la plupart des pays du monde, mais on continue à la pratiquer dans de nombreux pays. Selon Amnesty International 2 millions de fillettes sont excisées chaque année, dont 35 000 en France. 28 pays d’Afrique sont concernés par la pratique de l’excision. Au Mali, plus de 90% des femmes sont excisées. Certaines meurent d’hémorragie, d’autres en subissent la souffrance et les conséquences toute leur vie (incontinence urinaire, rapports sexuels douloureux, déchirures lors de l'accouchement).
Le mythe fondateur de ces pratiques ancestraux est basé sur l’idée que tous les enfants naissent tous androgynes et qu’il s’agirait d’enlever « la part masculine de la fille en coupant son clitoris et la part féminine de l’homme en coupant son prépuce ».
(Boussuge, Agnès/ Thiébaut, Elise (2006) : Le pacte d’Awa. Pour en finir avec les mutilations sexuelles. Pour collèges et lycées. Syros, coll. J’accuse, p. 10.)

  • Travail en autonomie, individuellement, lisez le texte, puis remplissez le tableau. Comparez vos résultats avec vos camarades. Présentez les résultats et discutez-en en plenum en mettant en avant les faits qui vous ont choqués tout particulièrement.

 

  excision circoncision

 

définition

 

   

statut juridique

   

 

causes

 

   

 

conséquences

 

   

 

pratiqué(e)s actuellement

 

   

 

 

 

Moolaadé, un film de Ousmane Sembene (Sénégal-France /1h57) présenté au Festival de Cannes en 2004 (DVD 2006).
(Cf. l’article de Johannes Wilts (2009) : « Le jeune cinéma du monde. Moolaadé, Madame Brouette und La petite voleuse de soleil. » Dans : Der Fremdsprachliche Unterricht Französisch, Le Sénégal, 101, 43: 42-47. Sur le DVD accompagnant la revue se trouve deux extraits du film.)

Au Sénégal, Collé Ardo a refusé il y a sept ans que sa fille unique subisse l'excision avec une lame de rasoir parce qu’elle juge ce rite de purification dépassé et barbare. Aujourd’hui, quatre fillettes s’enfuient pour échapper à cette pratique ancestrale et demandent protection à Collé. S’affrontent alors deux valeurs : le Moolaadé, le respect du droit d’asile accordé à ceux qui sont en fuite et ne peut être révoqué que par la personne qui l’a annoncé, et l’antique tradition de l’excision, la Salindé (symbole de purification et le sommet de l’honorabilité de la pureté de la femme). Collé Ardo s’attire la colère des prêtresses-exciseuses et des mères des fillettes. Deux autres se sont déjà jetées dans le puits du village pour échapper à l’excision.

 

  • Dessinez le portrait de Collé Ardo.
  • Groupe A : Expliquez les termes a) le Moolaadé ; b) la Salindé
  • Groupe B : Décrivez la situation du conflit en expliquant les valeurs symboliques du Moolaadé et de la Salindé.

 

Extraits du film :

Bande annonce: 1 :47 et  extrait vidéo: 1 :51 - Achat d’une lame à rasoir.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18377717&cfilm=56868.html

Bande-annonce sur YouTube : http://www.youtube.com/watch?v=aUneLhT9G6k

Le film sur YouTube 1 :59 :28 : http://www.youtube.com/watch?v=zC3MoYA50q0
Le film sur Dailymotion en trios parties:
a)    http://www.dailymotion.com/video/xyjp1_moolaade-1_news 38:32
b)    http://www.dailymotion.com/video/xyls8_moolaade-2_news 40:55
c)    http://www.dailymotion.com/video/xyodi_moolaade-3_news 39:20

 

 

1.

 


Moolaade : Photos du film © Les Films du Paradoxe
Source : [http://www.allocine.fr/film/fichefilm-56868/photos/detail/?cmediafile=18832846]
Bande-annonce + quatre extraits : [http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/moolaade,29756]

  • Décrivez la photo. Quelle est la signification de la bande en travers l’ouverture ? Que sépare-t-elle ?


2 Groupe A


Visionnement d’un extrait vidéo (facultatif)
Arrivée des prêtresses-exciseuses - les deux groupes et valeurs s’affrontent.
Par plusieurs arrêts sur image les apprenants se concentrent sur un extrait muet et essayent de retenir un maximum de détails. Chacun choisi une image selon ses préférences.
[http://www.dailymotion.com/video/x4k3r6_moolaade_shortfilms]  2:01 

  • Décrivez la photo et les personnages le plus précisément possible.
  • Emettez des hypothèses sur leur identité. Qui est la femme du milieu ? Qui sont les fillettes et les deux autres femmes ?
  • Quel est le rapport d’autorité entre les deux partis adverses ?
  • Examinez et décrivez le regard des femmes et des filles, puis formulez des hypothèses sur ce qu’elles pensent / disent.
  • Analysez la réaction que provoque l’attitude intransigeante  des exciseuses (ci-dessous) auprès des femmes révoltées.
  • Quels sentiments se dégagent de ces photos ?
  • Esquissez un dialogue entre les deux rivales !



Groupe B


  • Décrivez la photo et les personnages le plus précisément possible.
  • Comment sont habillées les prêtresses-exciseuses ?
  • A votre avis, que symbolise la couleur ?
  • Quel est le rapport d’autorité entre les deux partis adverses ?
  • Que pensent ou disent-elles ? Formulez des hypothèses.
  • Quels sentiments se dégagent de ces photos ?
  • Esquissez un dialogue entre les deux rivales !


Créativité et mise en scène
Groupe A – Les femmes qui se battent contre l’excision et la mutilation féminine : le parti des progressistes
Collé Ardo refuse de livrer à la Salindé les fillettes qu'elle a prises sous sa protection. La rebelle qui veut préserver sa dignité de femme se concerte avec ses amies pour trouver des arguments contre l’excision et pour élaborer un plan d’action.

  • Enumérez des arguments contre l’excision et mettez-les en scène sous forme d’une déclaration faite devant la classe en liant mimiques et gestuelle à l’expression de sentiments, l’indignation et la colère. Chaque élève présente une énoncée.


Groupe B – Les prêtresses-exciseuses qui défendent les valeurs ancestrales qui justifient l’excision : le parti traditionnel des femmes

  • Enumérez des arguments pour l’excision et mettez-les en scène tout en menaçant les rebelles de vouloir intervenir de force.


Groupe C – Réunion du clan des anciens qui se retire dans la hutte pour palabrer du rite ancestral : le parti traditionnel des hommes

  • Lorsque les hommes se mêlent à la partie, quel rôle vont-ils jouer ? Une femme non excisée, une bilakoro, est considérée comme une femme impure que personne ne voudra épouser. Un seul homme a osé venir au secours de la femme. Il a entendu à la radio que le guide suprême des musulmans avait déclaré que l’excision n’était pas une exigence de l’islam. Quel sort lui sera réservé ? Comment empêcher les radios et télévisions à promulguer une vision plus moderne de la femme ? Mettez-en scène le débat et annoncez la prise de décision vis-à-vis de la rebelle, de l’homme révolté et des médias ?


Groupe D – Organiser une action contre les mutilations génitales féminines (MGF)

  • L’Afrique doit s’ouvrir sur l’avenir et sortir du huis clos des villages. Organisation et mise en scène d’une manifestation contre l’excision.
  • Proposer des slogans contre l’excision
  • Esquisser une fiche de propagande pour l'abolition de cet acte odieux et pour la reconnaissance du droit des femmes à disposer de leur propre corps.


Source : [http://www.lefaso.net/local/cache-vignettes/L250xH249/excision-2-0f351.gif]


Débat en plenum – Les trois groupes s’affrontent

  • Prenez des dispositions dans la classe pour jouer l’affrontement entre les trois partis : les exciseuses, les rebelles et les anciens.




Tiken Jah Fakoly – Non à l’excision
sur l’Album: L’Africain, 2007


[http://www.kewego.fr/video/iLyROoaft-2g.html] 5:44
[http://www.youtube.com/watch?v=PFvZm4L8Us8] (live)

« Pour toutes les femmes qui souffrent de l'excision et celles qui ont décidé de la combattre » Tiken Jah Fakoly, 6 février 2008, journée internationale contre l'excision.

Elles sont venues, les femmes, avec un grand couteau.
Elle a bien crue qu'elle allai y laisser sa peau
Et puis ce matin, il a fallu qu'elles entrent,
couper une fleur cachée sous son ventre.

Refrain:
Non à l'excision, Je dis non à l'excision.
Ne les touchez plus, elles ont assez souffert

Un homme essuie son ventre,
son corps ne répond même pas
elle voulais bien qu'il entre mais elle ne le sens même
il est juste la, juste la pour semer sa graine
mais ce champ qu'il labour est une bien triste plaine

Refrain(x2)

On lui a coupé la peau, peut être qu'ils la vendent
comme un morceau de viande, un si petit morceau.
on lui a coupé la peau, juste une bout de son corps.
ils ont pris dans son île, le plus beau des trésors

Refrain(x3)

Pour approfondir le sujet
TV5Monde Acoustic, Interview avec Tiken Jah Fakoly sur « La lutte contre l’excision », février 2009.
[http://www.dailymotion.com/video/xiau1y_tiken-jah-fakoly-lutte-contre-l-excision_school] 1:38

TV5Monde –présente une soirée spéciale contre les mutilations sexuelles féminines [http://www.dailymotion.com/video/x9iaxj_non-a-l-excision-01_webcam] 19:25


Extraits littéraires
Marie-Florence Ehret, Filles des Crocodiles, 2009
Chapitre III
L’arrivée de l’exciseuse

I

Une agitation particulière règne à l’école. La rumeur court qu’une femme très puissante est arrivée au village. Une vieille femme redoutable dont on ne parle qu’à demi-mot. On dit qu’elle vient du Mali et qu’elle va purifier les petites filles et leur permettre de devenir de vraies femmes… Une sorte de sorcière, dit l’une. Mais non, c’est l’exciseuse dit Nata qui semble très bien informée. Une exciseuse ? Fanta ne sait pas ce que cela veut dire. (…)
Elle rentre à la maison fort excitée (…)
-    C’est quoi, une exciseuse ? demande-t-elle au bout d’un moment. (…)
-    On ne parle pas de ces choses-là, murmure-t-elle. [Sali]
-    Mais pourquoi… quelles choses ? insiste Fanta.
-    C’est pour les filles… pour les purifier…
On leur coupe le mauvais sexe.
Fanta frisonne, le mauvais sexe ? (…)
-    Les filles, si elles ne sont pas coupées, elles sont comme des hommes et elles ne peuvent pas se marier, et si par chance elles se marient quand même, ça ne va pas… La Vieille n’a pas voulu faire couper sa fille et tu vois… Delphine, elle est partie ! (…)
-    Ca fait mal ? s’inquiète encore Fanta.
-    Une vraie femme doit savoir souffrir ! rétorque fièrement Sali. Il faut souffrir pour mettre des enfants au monde. (…) (p. 19-22)

Chapitre IV
Le refus de Mâ

II

-    Mais pourquoi, grand-mère (…)
-    (…) ce que l’on fait entre les jambes des petites filles, c’est tout autre chose. Personne ne veut le savoir. Les hommes disent que ce sont des affaires de femmes, ils ferment les yeux et ils laissent faire, ils pensent que leurs épouses seront plus obéissantes et plus fidèles si elles sont coupées. Le couteau sanglant de l’exciseuse, ils ne le voient jamais ! Ces vieilles sorcières, elles, ont vu pleurer et saigner tant et tant de petites filles qu’elles trouvent cela sacré. Et celles qui mouraient, Dieu les avait rappelées, disaient-elles. Mais Dieu ne demande pas qu’on sacrifie les petites filles, au contraire, Il dit qu’elles doivent apprendre à lire et à écrire, comme les garçons, et à prier, comme eux. (p. 25-26)

Simulation /mise en scène


  • I) En équipes (des femmes, des filles, éventuellement deux hommes), mettez en scène l’agitation qui règne dans le village parce que vous avez entendu dire qu’une femme puissante vient d’arriver pour purifier les petites filles. Qui est cette femme ? D’où vient-elle ? Qu’est-ce qu’elle vient faire dans votre village ? Faites courir des rumeurs. Il y en a qui savent à moitié, d’autres qui ne savent pas, puis encore d’autres qui ne veulent rien dire. Formulez des questions, des affirmations, émettez des doutes, des angoisses, puis esquissez des dialogues et rédigez un petit scénario sur le déroulement de la scène.
 
1. Des filles qui ne savent pas
2. Des filles qui savent à moitié
3. Des filles qui ne veulent rien dire
Que disent-elles ? Quelles questions posent-elles ? Quelles sont leurs angoisses, leurs doutes, leurs affirmations (fausses ou vraies) …

A

 

B

 

C

 

C

E

 

F

 

G

 

H

I

 

J

 

K

 

L

 
  • Changez de groupe et esquissez des dialogues entre les trois catégories de filles en vous servant des arguments trouvés auparavant.

    Dialogues entre 1 + 2
    Dialogues entre 1 + 3
    Dialogues entre 2 + 3
  • II En équipe : Elaborez les arguments de Mâ qui va prononcer un discours contre l’excision sur la place publique le samedi à 17 heures. Vous pouvez puiser vos arguments aussi dans les textes précédents.

 

 

Paul Mekann Bouv-Hez, La circonsision chez les bakoueles au Congo Brazzaville. Une douloureuse épreuve pour devenir un homme, 2010
III
A l’âge de 12 ans, j’en avais marre de ne pas avoir encore fait ma circoncision. A force de l’exprimer auprès de ma grand-mère, elle avait fini par en parler à mon père. Un jour, j’ai vu mon père débarquer chez ma grand-mère où j’habitais depuis le divorce de mes parents. Un temps j’ai cru qu’il venait me chercher comme d’habitude quand il en avait envie. En réalité, c’était pour m’annoncer que j’allais avoir ma circoncision pendant les prochaines grandes vacances. C’est-à-dire dans près de trois mois environ. La circoncision est une douloureuse épreuve de couteau à laquelle je devais me montrer brave car il y est interdit de cligner les yeux, de crier, ou de manifester le moindre geste. Je devais honorer ma famille sinon je risquais la mort. La coutume veut que tout candidat à la circoncision qui ne se montre pas digne soit tué par son père ou par son oncle pour crime d’honneur.
Extrait du chapitre III : La circoncision, une tradition ancestrale qui ouvre la porte du monde des adultes, p. 21-53.

  • III En équipes : Formulez un dialogue entre le père et son fils.
  • Formulez d’autres dialogues / monologues intérieurs à partir des textes précédents, par exemple entre un garçon initié et un non initié ou entre deux non initiés qui attendent la cérémonie …



Camara Laye, L’enfant noir, 1953

IV - Renaître par le sang
Plus tard, j’ai vécu une épreuve autrement inquiétante que celle des lions, une épreuve vraiment menaçante cette fois et dont le jeu est totalement absent : la circoncision. … il me fallait à mon tour renaître, à mon tour abandonner l’enfance et l’innocence, devenir un homme…. Mais quelle que soit l’angoisse et quelle que soit la certitude de la souffrance, personne pourtant ne songerait à se dérober à l’épreuve. … Mes compagnons ne pensaient pas différemment ; comme moi, ils étaient prêts à payer le prix du sang. Ce prix, nos aînés l’avaient payé avant nous ; ceux qui naîtraient après nous, le paieraient à leur tour ; pourquoi l’eussions-nous esquivé ? La vie jaillissait du sang versé ! … Cette année-là, je dansai une semaine au long, sept jours au long, sur la grande place de Kouroussa, la danse du « soli », qui est la danse des futurs circoncis. …
Soudain l’opérateur est apparu. La veille, nous l’avions entrevu, lorsqu’il avait fait sa danse sur la grande place. Cette fois encore, je ne ferai que l’entrevoir : je m’étais à peine aperçu de sa présence, qu’il s’est trouvé devant moi. … Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur : j’ai senti comme une brûlure, et j’ai fermé les yeux une fraction de seconde. Je ne crois pas que j’aie crié. … Quand j’ai rouvert les yeux, l’opérateur était penché sur mon voisin. On quelques secondes, la douzaine d’enfants que nous étions cette année-là, sont devenus des hommes….
L’hémorragie qui suit l’opération est abondante, est longue ; elle est inquiétante : tout ce sang perdu ! Je regardais mon sang couler et j’avais le cœur étreint. Je pensais : « Est-ce que mon corps va entièrement se vider de son sang ? » Et je je levais un regard implorant sur notre guérisseur, le « séma ».
-    Le sang doit couler, dit le « séma ». S’il ne coulait pas…
Il n’acheva pas sa phrase : il observait la plaie. Quand il vit que le sang enfin s’épaississait un peu, il me donna les premiers soins. Puis il passa aux autres.
Le sang finalement tarit, et on nous revêtit de notre long boubou ; ce serait, hormis une chemise très courte, notre seul vêtement durant toutes les semaines de convalescence qui allaient suivre. Nous nous tenions maladroitement sur nos jambes, la tête vague et le cœur comme près de la nausée. Parmi les hommes qui avaient assisté à l’opération, j’en aperçus plusieurs, apitoyés par notre misérable état, qui se détournaient pour cacher leurs larmes. (p. 123-141)
Cf. le  texte intégral sur internet, chap 8:
[
http://www.webguinee.net/bibliotheque/literature/camara_laye/01.html]
 
Micro-tâches autour du texte

  1. Relevez les expressions exprimant a) la souffrance, b) l’inquiétude et c) le danger.
  2. Quel est le « leitmotiv » du texte ?
  3. Sous quel point de vue le narrateur évoque-t-il le rite de la circoncision ?
  4. Quels mots du texte peuvent être associés au « sang versé » ? Dressez un filet de mots.
  5. Quelle est la signification du rite de la circoncision et quelle image le rite dessine-t-il du futur circoncis ?
  6. Quelle expérience le garçon doit-il affronter pendant la cérémonie ?
  7. Pourquoi personne n’oserait se dérober à cette épreuve ?
  8. Quels sont les mots qui évoquent l’idée de « coupure » ?
  9. Quelle est la métaphore principale utilisée pour décrire le rite de la circoncision ?

Production orale / écrite - créativité
  • Prenez des notes, puis décrivez la mise en scène et le déroulement de la cérémonie.
  • Produisez un dialogue entre deux garçons non initiés.
  • Produisez un dialogue entre un garçon circoncis et un non circoncis.
  • En équipe, formulez un monologue intérieur à la première personne du singulier décrivant les pensées qui se déroulent dans la conscience du garçon.

Synthèse
  • Parcourez à nouveau les textes sur la circoncision et l’excision et déterminez la valeur symbolique de ces rites en remplissant le tableau ci-dessous.

 
  excision
le film Moolaadé
Ehret, Filles des crocodiles
circoncision
Hervieu-Wane, Le choc de ma circoncision
Bouv-Hez, Une douloureuse épreuve
Camara Laye, Renaître par le sang versé

 

valeur
symbolique

 

   

 

initiateur,
initiatrice

 

   

Ahamadou Kourouma, Allah n'est pas obligé, 2000
V
« Une nuit, on est venu me réveiller, nous avons marché et, au lever du soleil, nous étions dans une plaine à la lisière de la forêt sur l’aire de la circoncision. On n’a pas besoin d’être sur l’aire de la circoncision pour savoir que là-bas on coupe quelque chose. Chaque bilakoro a creusé un petit trou devant lequel il s’est assis. Le circonciseur est sorti de la forêt avec autant de citrons verts que de garçons à circoncire. C’était un grand vieillard de caste forgeron. C’était aussi un grand magicien et un grand sorcier. Chaque fois qu’il tranchait un citron vert, le prépuce d’un garçon tombait. Il a passé devant moi, j’ai fermé les yeux et mon prépuce est tombé dans le trou. Ça fait très mal. Mais c’est cela la loi chez les Malinkés. »
On nous a logés dans un campement, dans un bois touffu à l’entrée du village où nous avons vécu ensemble pendant deux mois.
Pendant ces deux mois, on nous a appris des choses, beaucoup de choses avec obligation de ne jamais les divulguer. C’est ce qu’on appelle l’initiation. J’en parlerais jamais à un non-initié, de ce que j’ai appris à l’initiation. Le jour que nous avons quitté le bois sacré, nous avons bien mangé et bien dansé. Nous n’étions plus des bilakoros, nous étions des initiés, des vrais hommes. Et moi je pouvais quitter le village sans choquer personne, sans que personne jase. (p. 34)


Sami Tchak, Al Capone le malien, 2011
IV
Si tu es un circoncis comme moi et non un vulgaire bouffeur de viande de porc, si tu te laves systématiquement les fesses chaque fois que tu chies, alors, en homme viens lutter avec mois ! (p.65)
Pour approfondir :
  • Paul Mekann Bouv-Hez (2010) : La circonsision chez les bakoueles au Congo Brazzaville. Une douloureuse épreuve pour devenir un homme. Paris : Editions des Ecrivains.
  • Parick Banon (2009) : La circoncision : Enquête sur un rite fondateur. Infolio.
  • Boussuge, Agnès/ Thiébaut, Elise (2006) : Le pacte d’Awa. Pour en finir avec les mutilations sexuelles. Pour collèges et lycées. Syros, coll. J’accuse.
 

 
L’école devait former les futurs administrateurs du système colonial. Les élèves étaient choisis et réquisitionnés selon les besoins locaux et envoyé à l’école pour y apprendre tout d’abord la langue de Molière, puis les calculs de base et l’écriture. Souvent il était formellement interdit aux élèves de parler dans leur langue maternelle et étaient punis ceux qui ne respectaient pas ce règlement. Ce racisme langagier était aussi de rigueur dans des régions de France où on parlait des langues minoritaires comme le basque ou le breton au début du 20ème siècle. Lorsqu’on surprenait un élève à avoir parlé dans une langue locale dans la cour de récréation celui-ci était dénoncé au maître et devait porter un symbole qui le stigmatisait parce qu’il avait manqué à son devoir. Ce système de dénonciation rendait les élèves craintifs et méfiants et mettait en question leur identité culturelle.
  • Décrivez la caricature.
  • Quels sont les éléments saillants et exagérés qui traduisent la critique ?
  • Quel a été, d’après vous, le but de l’enseignement à l’école coloniale ? Examinez la caricature et commentez-là. Echangez vos avis.

En 2005, un projet bilatéral de coopération éducative franco-centrafricain pilote la réalisation d’une bande dessinée, Aventures en Centrafrique, de Didier Kassaï, Guy Mayé Eli et Olivier Bombasaro qui sert de support pédagogique à l’alphabétisation et l’apprentissage de la langue française dans les écoles centrafricaines. Au-delà de cet objectif la BD met en image des réalités de la République centrafricaine.
 
Khadi Hane,  La maison sur la colline, 2008

Notre école était située au centre de la ville. J’avais une maîtresse très gentille qui enseignait l’histoire, la géographie, le calcul et l’écriture. Elle nous donnait aussi des leçons de morale et d’instruction civique. Elle nous parlait de ses voyages dans des pays très lointains où, comme elle disait, il faisait tellement froid qu’on pouvait laisser son poulet à la fenêtre et le retrouver congelé le lendemain. Quelquefois, elle nous racontait aussi des histoires : Le Petit Chaperon rouge, Boucle d’or et les trois ours, Peau d’âne, Le Petit Poucet.  Des histoires comme ça qui nous faisaient rire et pleurer parce qu’on avait peur des ours. Elle nous disait que c’était des contes qu’elle avait lus dans des livres.
Et puis un jour, elle m’a punie. Je lui avais demandé de nous raconter les aventures de Leuk, le lièvre, de Gaïndé, le lion ou même de Ndjambala, la girafe. Je voulais aussi qu’elle nous parle de Soundjata Keïta, de Samory Touré et de Kankan Moussa, des rois africains qui avaient aussi leur histoire, mais elle s’est mise en colère et m’a envoyé au coin.
J’ai compris plus tard que maîtresse Patricia ne savait pas tout. Heureusement que grand-mère Boolo m’attendait à la maison pour me dire les mésaventures des animaux de la brousse, m’apprendre les vertus des plantes de la forêt et me narrer les épopées des aïeux que personne ne citait.
Hane, Khadi (2008) : Extrait de « La maison sur la colline ». Dans : Mabanckou, Alain (Éd.) : Enfances. Neuf  écrivains racontent ou réinventent un souvenir d’enfance. Nouvelles recueillies et préfacées par Alain Mabanckou. Paris : Editions Ndzé, p. 117
 


Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l’enfant peul, 1991
I
Réquisitionné d’office
Alors que je coulais des jours heureux entre l’école coranique, mon grand frère et mes camarades d’association, survint un élément qui allait marque un tournant majeur dans ma vie. En fait, chaque fois que mon existence commençait à s’engager sur une belle voie bien droite, le destin semblait s’amuser à lui donner une chiquenaude pour la faire basculer dans une direction totalement opposée, faisant régulièrement alterner des périodes de chance et de malchance. Cela commença bien avant ma naissance, avec mon père Hampâté, qui aurait dû (et ses enfants après lui) hériter d’une chefferie dans le pays du Fakala, et qui se retrouva, seul rescapé survivant de toute sa famille, réfugié anonyme au fond d’une boucherie. Réhabilité par le roi même qui avait fait massacrer tous les siens, voilà qu’il meurt trop tôt pour que je le connaisse vraiment et que le sort fait de moi un petit orphelin de trois ans. Un riche et noble chef de province vient-il à épouser ma mère et à m’adopter comme héritier et fils présomptif, faisant planer au-dessus de ma tête le turban des chefs de Louta ? Patatras ! Nous nous retrouvons tous en exil et me voilà fils de bagnard. Enfin revenus à Bandiagara où la vie semble reprendre son cours normal, voilà que l’on m’arrache brutalement à mes occupations traditionnelles, qui m’auraient sans doute dirigé vers une carrière classique de marabout-enseignant, pour m’envoyer d’office à l’école des Blancs, alors considérée par la masse musulmane comme la voie la plus directe pour aller en enfer ! (…) Les commandants de cercle exécutaient la « commande » en indiquant aux chefs de canton et aux chefs traditionnels combien d’enfants il fallait réquisitionner pour l’école.
C’est ainsi qu’un beau jour de l’année 1912, vers les deux tiers de l’année scolaire, le commandant de cercle de Bandiagara Camille Maillet donna ordre au chef traditionnel de la ville, Alfa Maki Tall, fils de l’ancien roi Aguibou Tall, de lui fournir deux garçons de bonne famille, âgés de moins de dix-huit ans, pour compléter l’effectif de l’école primaire de Bandiagara. (…)
L’occasion dont il rêvait se présenta quand il reçut l’ordre de réquisitionner deux garçons pour l’école des Blancs. Quel mal plus grand pouvait-il faire à Beydari que de lui arracher le même jour les deux petits orphelins qu’il adorait, pour les envoyer à l’école des « mangeurs de porc » ? Et quelle vengeance ultime contre la famille de ses anciens maîtres du Fakala ! (…)
« Que la volonté de Dieu soit faite, comme il plaît à Dieu qu’elle le soit ! » répliqua tranquillement Beydari.
C’était bien là la dernière réponse à laquelle s’attendait Koniba ! Sa déception se peignit sur son visage. Frustré de la belle scène qu’il espérait, il ne put s’empêcher de s’écrier :
« Eh bien, tant pis pour tes petits maîtres ! Ce qu’ils apprendront à l’école des Blancs les amènera à renier leur foi ; ils deviendront des mécréants et des vauriens, ils seront mis au ban de leur société ! » (…)
Voir Koniba se diriger vers soi était en effet considéré comme l’annonce inévitable d’un malheur, car il ne venait chez les gens que pour les recruter d’office soit pour un travail forcé, soit pour l’armée, soit pour l’école. Le moindre mal qu’il pouvait faire, c’était de réquisitionner vos animaux de bât pour le transport quasiment gratui – ou si peu payé ! – du personnel ou du matériel de l’administration coloniale civile ou militaire, quand ce n’était pas pour les grosses sociétés de commerce françaises du lieu – auquel cas les prestations fournies par la population étaient considérées comme « contribution au développement de la colonie ». (…)
- Où nous emmènes-tu ? osa demander Hammadoun.
- Là où vous méritez d’aller, à la porcherie des toubabs ! Vos y serez transformés en pourceaux, ou mieux encore, en petits fagots destinés à alimenter les feux de l’enfer ! »
Amadou Hampâté Bâ : Amkoullel, l’enfant peul. Paris : Actes Sud 1991,
p. 257-263)
 
 
Cheikh Hamidou Kane,  L’aventure ambiguë, 1961
II
L’école française, une nouvelle forme de la guerre

Au surplus, le combat n’a pas cessé encore. L’école étrangère est la forme nouvelle de la guerre que nous font ceux qui sont venus, et il faut y envoyer notre élite, en attendant d’y pousser tout le pays. (p.47)
III
Si je leur dis d’aller à l’école nouvelle, ils iront en masse. Ils y apprendront toutes les façons de lier le bois au bois que nous ne savons pas. Mais, apprenant, ils oublieront aussi. Ce qu’ils apprendront vaut-il ce qu’ils oublieront ? Je voulais vous demander : peut-on apprendre ceci sans oublier cela, et ce qu’on apprend vaut-il ce qu’on oublie ? (p. 44)
 
IV
L’école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux. Quand ils nous reviendront de l’école, il en est qui ne nous reconnaîtront pas. (p. 57)
 
V

L’école nouvelle participait de la nature du canon et de l’aimant à la fois. Du canon, elle tient son efficacité d’arme combattante. Mieux que le canon, elle pérennise la conquête. Le canon contraint les corps, l’école fascine les âmes. Où le canon a fait un trou de cendre et de mort et, avant que, moisissure tenace, l’homme parmi les ruines n’ait rejailli, l’école nouvelle installe sa paix. Le matin de la résurrection sera un matin de bénédiction par la vertu apaisante de l’école.
De l’aimant, l’école tient son rayonnement. Elle est solidaire d’un ordre nouveau, comme un noyau magnétique est solidaire d’un champ. Le bouleversement de la vie des hommes à l’intérieur de cet ordre nouveau est semblable aux bouleversements de certaines lois physiques à l’intérieur d’un champ magnétique. On voit les hommes se disposer, conquis, le long de lignes de forces invisibles et impérieuses. Le désordre s’organise, la sédition s’apaise, les matins de ressentiment résonnent des chants d’une universelle action de grâce. …
L’homme ne veut pas de l’école parce qu’elle lui impose, pour vivre – c’est-à-dire pour être libre, pour se nourrir, pour s’habiller -  de passer désormais par ses bancs…
(p. 60-61)
 
Mariama Bâ, Une si langue lettre, 1979
VI
L’école : le brassage fructueux d’intelligences

Le recrutement qui se faisait par voie de concours à l’échelle de l’ancienne Afrique occidentale française, démantelée, aujourd’hui en Républiques autonomes, permettait un brassage fructueux d’intelligences, de caractères, des mœurs et coutumes différents. Rien n’y distinguait, si ce n’étaient des traits spécifiquement raciaux, la Fon du Dahomey et la Malinké de Guinée. Des amitiés s’y nouaient, qui ont résisté au temps et à l’éloignement. Nous étions de véritables sœurs destinées à la même mission émancipatrice.
Nous sortir de l’enlisement des traditions, superstitions et mœurs ; nous faire apprécier de multiples civilisations sans reniement de la nôtre ; élever notre vision du monde, cultiver notre personnalité, renforcer nos qualités, mater nos défauts ; faire fructifier en nous les valeurs de la morale universelle ; voilà la tâche que s’était assignée l’admirable directrice. (p. 37)

L’école – travail manuel
VII

Mais tes jeunes frères ? Leurs pas ont été dirigés vers l’école des Blancs.
L’ascension est laborieuse, sur le rude versant du savoir, à l’école des Blancs.
Le jardin d’enfants reste un luxe que seuls les nantis offrent à leurs petits. Pourtant, il est nécessaire, lui qui aiguise et canalise l’attention et les sens du bambin.
L’école primaire, si elle prolifère, son accès n’en demeure pas moins difficile. Elle laisse à la rue un nombre impressionnant d’enfants, faute de places.
Entrer au lycée ne sauve pas l’élève aux prises à cet âge avec l’affermissement de sa personnalité, l’éclatement de sa puberté et la découverte des traquenards qui ont noms : drogue, vagabondage, sensualité.
L’université aussi a ses rejets exorbitants et désespérés.
Que feront ceux qui ne réussissent pas ? L’apprentissage du métier traditionnel apparaît dégradant à celui qui a un mince savoir livresque. On rêve3 d’être commis. On honnit la truelle.
La cohorte des sans-métiers grossit les rangs des délinquants.
Fallait-il nous réjouir de la désertion de forges, ateliers, cordonneries ? Fallait-il nous en réjouir sans ombrage ? Ne commencions-nous pas à assister à la disparition d’une élite de travailleurs manuels traditionnels ? (p.42)


 

 
 
Pour approfondir les thèmes du secteur de l’Education cf. la liste alphabétique sur le serveur de l’UNESCO : [http://www.unesco.org/new/fr/education/themes/]. Sur l’éducation en Afrique cf. aussi :  [http://www.unesco.org/africa/VF/pages/afrique/2a.html]

Pour remédier à l’exploitation des enfants il faudra s’attaquer à long termes aux causes profondes en multipliant les possibilités d’éducation et en soutenant les processus de démocratisation et de développement économique dans les pays concernés. En même temps il faudra continuer à sensibiliser la population au problème du travail des enfants qui ne semble pas toujours être une priorité parmi ceux qui vivent dans l’abondance.

Est-ce que l’éducation pourra devenir une sorte de « vaccin social » pour protéger les enfants contre l’appauvrissement, l’exploitation abusive et les maladies ?  A l’heure actuelle 104 millions d’enfants ne fréquentent pas l’école primaire et 130 millions d’enfants ne vont pas régulièrement à l’école parce qu’ils sont astreints au travail. Parmi ceux qui entrent à l’école un tiers ne termine pas les quatre ou cinq années du cycle primaire et n’acquièrent pas l’alphabétisation de base leur permettant de lire et d’écrire. Si les tendances actuelles persistent, notamment en Asie du Sud et en Afrique le nombre d’enfants analphabètes atteindra 165 millions en 2015. En plus il faut prendre en considération que la qualité de l’enseignement est souvent très mauvaise dû aux enseignants mal formés, au matériel insuffisamment mis à disposition et des classes surchargées variant entre 50 et 120 élèves.
 
Clip de promotion produit par l'UNICEF pour améliorer la fréquentation des filles dans les écoles : 2 min - 29 janv. 2008
[http://www.dailymotion.com/video/x47d3p_toutes-les-filles-a-l-ecole_school]

192 pays du monde sont d’accord pour reconnaitre que l’éducation est un droit pour tous les enfants comme le précisent les articles 28 et 29 de la Convention: les États s’engagent à rendre « l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous » dans le but de « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques «.
 
Malgré tous les efforts nationaux et internationaux l’analphabétisme reste alarmant surtout en Afrique. Si un adulte sur quatre dans le monde est analphabète, en Afrique le chiffre atteint environ 50 %, malgré de grandes disparités. Ainsi le taux d’illettrisme au Sénégal est de 49%, au Burundi de 66% et en Guinée-Bissau de 73 %. Il est de toute urgence de soutenir alors les programmes d’alphabétisation autant plus que les processus de démocratisation et de pacification sont étroitement liés à l’instruction des citoyens.
Commentaire / discussion :
1.    A votre avis, quelles sont les causes profondes de l’exploitation des enfants ?
2.    Est-ce qu’à votre avis « l’éducation pourra devenir une sorte de « vaccin social » pour protéger les enfants contre l’appauvrissement, l’exploitation abusive et les maladies ? »`
3.    Quel est, à votre avis, le rapport entre l’analphabétisme et le « processus de démocratisation » ?

Micro-tâche :
•    Quel est le taux de l’analphabétisme dans votre pays. Quel sont les mesures entreprises pour remédier à ce problème.

Sujets d’étude
1.    Quel est le nombre  total des enfants qui ne fréquentent pas du tout ou seulement irrégulièrement l’école primaire.
2.    Où est-ce que le nombre d’enfants analphabètes est le plus élevé ?
3.    Selon les pronostiques, quel taux l’analphabétisme atteindra-t-il en 2015 ?
4.    Quelle est, à l’heure actuelle, la situation de l’analphabétisme en Afrique ?
 
 

 
«  Chaque minute qui passe, un enfant disparaît. Combien pourraient être sauvés ? Un grand nombre, c’est certain. Si seulement on pouvait leur envoyer de la nourriture, des médicaments plus efficaces. Si seulement on éprouvait à leur égard un sentiment de compassion, de solidarité. Mais la société dans laquelle nous évoluons a d’autres soucis. Elle veut des armes plus meurtrières mais l’arme la plus visible et la plus meurtrière est la faim. » 
(Wiesel, Elie (2002) : « Quel nouveau siècle pour nos enfants ? » In : Hermance, Marie-Thérèse (2002) : Les enfants d’abord : 100 propositions pour une nouvelle politique de l’enfance. France, Ministère du travail, Rapports officiels, 472 p. Préface : 7-9, p. 8.)

 
 
12 JUIN 2010: journée mondiale contre le travail des enfants

« Dans le monde, 250 millions d'enfants, soit un enfant sur 7, dès l'âge de 4 ans parfois, sont astreints à des travaux forcés en violation de leurs droits fondamentaux à la liberté, à l’éducation, à la santé et aux loisirs. Plus de la moitié sont exposés aux pires formes de travail dans un environnement dangereux, comme esclaves ou dans des activités illicites, trafic de drogue, prostitution ou conflits armés en enfants-soldats.

Relisons à ce propos l’article 9 de la Déclaration des Droits de l'Enfant, rédigée en 1959.

L'enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d'exploitation, il ne doit pas être soumis à la traite, sous quelque forme que ce soit.
L'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint un âge minimum approprié; il ne doit en aucun cas être astreint ou autorisé à prendre une occupation ou un emploi qui nuise à sa santé ou à son éducation, ou qui entrave son développement physique, mental ou moral. »

19 novembre : Journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants

« Chaque année
  • plus d'un million d'enfants sont amenés de force sur le marché du sexe.
  • Presque chaque jour de nouveaux cas d'abus et de maltraitance envers les enfants, auxquels des employés d'institutions internationales respectées se sont également trouvés mêlés.
  • L'augmentation des mesures préventives, l'amélioration des techniques de protection, la sensibilisation de l'opinion publique et l'encouragement des dénonciations nous apparaissent clairement comme la manière la plus intelligente et efficace d'aborder le problème.
  • 250 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent
  • 100 millions accomplissent des travaux pénibles et dangereux
  • 3 millions d’enfants, en majorité des filles, sont victimes d’exploitation sexuelle
  • 121 millions d’enfants d’âge scolaire qui restent en dehors de l’école. »
 
Actuellement il y a plus de deux milliards d’enfants qui vivent sur terre, dont 250 millions de moins de 15 ans seraient mis au travail.  Parmi les enfants économiquement actifs 95% vivent dans les pays en développement, et c’est en Afrique que le nombre d’enfants au travail est le plus élevé avec 41%.  Et pire encore, le chiffre en Afrique continue à augmenter. Selon les prévisions du Bureau international du travail  le chiffre d’enfants actifs devrait passer de 80 millions d’enfants en 1997 à 100 millions en 2015. « Les chiffres de 200 millions d’enfants esclaves et de 300 millions pour la main-d’œuvre enfantine, avancés respectivement par l’UNICEF et la Fédération Abolitionniste Internationale, sont des plus inquiétants. » (Cf. Aduayi Diop, Rosalie (2010) : Survivre à la pauvreté et à l’exclusion. Le travail des adolescentes dans les marchés de Dakar. Editions Karthala, AfriMap et Crepos, p. 44. Cf. aussi  UNICEF (2009) : La situation des enfants dans le monde : Célébrer les 20 ans de la Convention relative aux droits de l’enfant. Numéro spécial. Tableaux statistiques. Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Novembre 2009. Aduayi 2010, p. 44.)

[Organisation internationale du travail - Source : http://www.sah.ch/data/CFCB5D37/Grafik_f.008.jpg]
 
Commentaire / discussion :
  1. Commentez le graphique de l’Organisation internationale du travail.
  2. Commentez le texte tiré de l’article d’Elie Wiesel : « Quel nouveau siècle pour nos enfants ? » qui se trouve au début du chapitre : «  Chaque minute qui passe… est la faim. »
  3. Dressez une liste avec des « propositions pour une nouvelle politique de l’enfance » en référence au titre du livre de Marie-Thérèse Hermance « Les enfants d’abord « ; puis discutez des problèmes reliés aux thèses énoncées.
  4. Imaginez des exemples concrets qui mettent en relief la violation des droits fondamentaux des enfants à la liberté, à l’éducation, à la santé et aux loisirs.

Sujets d’étude :
 
  • Quel est le nombre d’enfants qui vivent sur notre planète ? Combien en sont astreints au travail ? Quelle est la situation actuelle en Afrique et quelles sont les perspectives pour l’avenir. Rédigez un petit commentaire personnel sur les données.

Macro-tâche :

  • Faites une recherche internet pour savoir quel est le nombre d’habitants sur notre planète ? Quels sont les pronostiques pour 2020 et 2050 ?

Malgré la reprise économique à travers le monde en 2010 et 2011 des centaines de millions d’enfants continuent de mener une vie difficile et dangereuse qui se termine, hélas, souvent prématurément. Ces pauvres malheureux qui font partie de la « caste des abandonnés » et des « sans assistance » semblent être exclus du progrès et ne bénéficient pas de la prospérité du monde moderne. Bien au contraire, le processus de mondialisation aggrave encore leur marginalisation notamment dans les états économiquement faibles ou le pouvoir despotique des dirigeants tolère la déchéance sociale et la forte mortalité chez les enfants.
Ainsi les enfants d’Afrique subsaharienne par exemple sont davantage victimes de la maladie, de la pauvreté, de la guerre et de la famine. Ils sont les plus mal lotis du monde et l’écart qui existe avec les autres continents ne fait qu’augmenter. Un Africain sur trois souffre de malnutrition et le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne est plus de deux fois supérieur au taux moyen dans le monde et près de 30 fois supérieur à celui des pays développés. Une femme sur 13 en Afrique meurt pendant la grossesse ou en couches alors que dans les pays industrialisés la proportion est d'une femme sur 4 085. Le pourcentage d’enfants vaccinés contre les maladies souvent mortelles comme la diphtérie, la coqueluche et le tétanos reste également très faible avec seulement 46%.
Le travail des enfants semble souvent être le seul remède contre la paupérisation des familles et la seule voie de survie de nombreux enfants. Pourtant les activités exercées par plus de 200 millions d’enfants nuit à leur développement mental, physique et émotionnel. Les activités de façade (vendeuses ambulantes, domestiques, petits gardiens) masquent souvent un travail illégal dans la prostitution ou un autre secteur informel.

Commentaire / discussion :
1.    Explicitez ce que vous entendez par la « caste des abandonnés » et des « sans assistance ». Est-ce qu’une telle « caste » existe aussi dans votre pays ? Décrivez-la.
2.    À votre avis, que faudrait-il entreprendre pour améliorer la situation ?
3.    Comment expliquez-vous que la reprise économique n’a eu guère d’impacte sur l’amélioration de la condition de vie dans les pays pauvres ?

Sujet d’étude :
1.    Décrivez la situation des enfants en Afrique subsaharienne. Quels sont les chiffres ou données qui vous choquent particulièrement ?
2.    Qu’entendez-vous par les « activités de façade » ?

A l’aube du 3ème millénaire une nouvelle forme d’esclavage voit le jour dans les grandes plantations industrielles d’Afrique de l’Ouest et Centrale, et cette fois-ci les enfants africains sont utilisés comme main-d’œuvre corvéable par les négriers africains eux-mêmes qui exploitent les enfants comme une marchandise. Olenka Frenkiel rapporte que  « chaque année « quelques 200.000 enfants des régions les plus pauvres d’Afrique sont vendus comme esclaves »  ce qui nous rappelle le commerce triangulaire de la honte du 16ème au 19ème entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques qui traitera les hommes, femmes et enfants comme des « biens meubles » (Code Noir de 1685, art. 44) et fera plusieurs millions de morts.
Malgré la Déclaration des droits de l’enfant de l’ONU (1959), la ratification de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (1989) par la presque totalité des pays de la planète, la participation de 71 chefs d’États au premier Sommet Mondial pour l’Enfance en 1990  et la Charte Africaine des droits et du bien-être de l'enfant, adoptée en juillet 1990 par l’Organisation de l'Unité Africaine (OUA) qui rappelle suite à ce sommet que « l'enfant occupe une position unique et privilégiée dans la société africaine » la plupart des promesses de prendre des mesures immédiates et efficaces sont restées lettres mortes. Et aucun pays ne semble échapper à ce phénomène mondial du travail des enfants.
Rappelons que selon le rapport du Bureau international du travail de 2006  un enfant sur dix dans le monde entre 5 et 17 ans est astreint aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger la santé physique ou mentale des enfants dans un contexte d’esclavage, de traite et de servitude, et en Afrique ce chiffre est encore beaucoup plus élevé : à l’heure actuelle 26% des enfants africains exercent une activité économique alors que dans les autres régions du monde le nombre des enfants au travail entre 5-14 ans a diminué d’un tiers. En même temps 60% des jeunes femmes et hommes en Afrique subsaharienne sont au chômage et à la recherche d’un emploi leur permettant de vivre dignement. 
On retrouve des enfants aussi bien dans les champs ou les mines, les ateliers ou dans les cuisines. Ils fondent des tôles d’acier, ils tissent des tapis ou encore fabriquent des allumettes. Dans des locaux insalubres, dans ces ateliers à sueur, les enfants manquent souvent d’air et de lumière, de sommeil et de nourriture. L’utilisation de produits chimiques dans le cas des industries du textile, mais aussi dans l’agriculture, détériorent rapidement leur santé. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons, ont des troubles de croissance ou des déformations en raison du port de charges trop lourdes, souffrent de malnutrition et de maladies de la peau.
Il faut démasquer et mettre en relief également la traite de ces fillettes qui sont louées, voire vendues comme domestiques à des familles plus riches, aussi en Europe ou aux Etats-Unis, et qui sont exploitées comme des bêtes de somme tout en subissant des coups et blessures ainsi que des sévices sexuels. L’isolation totale dans laquelle elles se trouvent ne leur laisse guère l’espoir de pouvoir échapper à leur sort tragique. Par ailleurs on peut constater aussi une aggravation de la prostitution des mineurs dans les pays d’Europe et l’exploitation des enfants dans les ateliers de couture dans les grandes villes ou ils travaillent jusqu’à l’épuisement pendant 12 à 16 heures dans des conditions indignes de nos sociétés « civilisées ». Dans les pays développés, hélas, l’exploitation des enfants ne peut pas être expliquée par la pauvreté croissante comme en Afrique subsaharienne ou le nombre des démunis passera de 315 millions en 1999 à 404 millions en 2015.  C’est l’avarice et le profit qui poussent les âmes immorales à exploiter même les plus faibles et les plus innocents : les enfants.
Les enfants sont devenus une « denrée » économique fortement sollicitée à travers le monde, et les appels des différentes instances de la communauté internationale ne sont que rarement respectés dans des pays ou les clans de famille s’enrichissent aux dépens des plus pauvres, et dans un monde ou les pays les plus riches s’enrichissent encore davantage en coopérant avec ces dictateurs corrompus en toute connaissance de cause.
Selon le rapport du BIT les statistiques officielles révèlent qu’en Italie il y aurait environ un demi-million d’enfants actifs dont 35.000 travailleraient à Naples dans les ateliers de mode spécialisés dans les imitations de grandes marques. En France, une étude sur les apprentis a dénoncé le fait que plus de 91%  d’entre eux sont des mineurs qui travaillent entre 10 et 12 heures par jour pour une maigre rémunération. Ces enfants entrent clairement « dans la catégorie des enfants visés par la Convention internationale relative aux Droits de l’Enfant. » 

Commentaire / discussion :
1.    Pourquoi, à votre avis, la plupart des promesses de prendre des mesures immédiates et efficaces en faveur des droits de l’enfant sont restées lettres mortes
2.    Commentez la phrase : « Les enfants sont devenus une  denrée  économique fortement sollicitée à travers le monde ».
3.    Que savez-vous sur le travail des enfants dans votre pays ?
4.    A votre avis, pourquoi peut-on manipuler les enfants aussi facilement ?

Micro-tâches :
1.    Faites une recherche sur le commerce triangulaire et décrivez-en le déroulement.
2.    Recherchez le « Code noir » sur internet. Quel a été l’objectif de ce livre ? Par qui a-t-il été élaboré ? A quelle époque a-t-il été diffusé ? Citez deux maximes qui y sont mentionnées et prenez position.

Sujets d’étude 
1.    Décrivez cette nouvelle forme d’esclavage qui se propage au début du 3ème millénaire.
2.    Comment sont décrites les « pires formes de travail » des enfants ?
3.    Remplissez la grille en y inscrivant soit les dates soit les événements marquants au sujet des Déclarations des droits de l’enfant :
 
1959                                                     
 
 
Convention internationale des Droits de l’Enfant
1990
 
 
 4.    Quel est le pourcentage des enfants dans le monde qui travaillent ? Quel est la situation en Afrique subsaharienne ? Quel est le pourcentage des hommes et femmes au chômage dans cette région du monde ?
5.    Dans quels domaines les enfants travaillent-ils et quelles sont leurs conditions de travail ?
6.    Quelle est la situation des petites « fillettes » au travail ? Qui, d’après vous, en est responsable ?
7.    Quelle est la situation en Italie et en France quant au travail des enfants ?
 
Chocolat au goût amer du travail des enfants africains
Clip – 2 min 12 : 9 août 2010.
Le chocolat belge fabriqué par des enfants-esclaves.
Près de 99,5 pc du chocolat belge vendu dans les grandes surfaces contient du cacao récolté par des enfants-esclaves, affirme Oxfam qui demande aux producteurs belges d'utiliser des fèves de cacao provenant du commerce équitable. Plus de 70pc des fèves de cacao sont récoltées en Afrique de l'ouest, dans des pays comme le Ghana et la Côte d'Ivoire où les enfants sont exploités pour la récolte.
[http://www.dailymotion.com/video/xed8mg_chocolat-au-gout-amer-du-travail-de_news
]

Comment lutter contre le travail des enfants dans les mines de diamants ?
Clip : - 7 min 45 : 9 déc. 2010.
La République Démocratique du Congo possède l’un des sols les plus riches en Afrique mais une population très pauvre.
Les mines de diamants sont loin d‘être des eldorados pour ces enfants à la recherche de la pierre qui changera leur vie.
Faute d’alternative, comment convaincre les parents d’envoyer leurs enfants à l‘école plutôt qu‘à la mine ?
Une question posée par Reporter dans le Kasaï Oriental.
[http://fr.euronews.net/2010/12/09/comment-lutter-contre-le-travail-des-enfants-dans-les-mines-de-diamants/]
 
 

 
En dehors des catastrophes de la guerre les enfants sont aussi victimes du VHS/sida, épidémie encore plus meurtrière que les conflits actuels.  Depuis l’identification du virus et le début de l’épidémie, le sida a fait plus de 20 millions de victimes parmi lesquels la moitié était des enfants de moins de 15 ans, et à l’heure actuelle le sida continue ses ravages en contaminant  3 millions de personnes par an.  « A la fin de 2007, on estimait à 33,2 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde (…) Chaque jour, le VIH infecte plus de 6 800 personnes et plus de 5 700 personnes meurent du sida, essentiellement parce qu’elles ne bénéficient pas d’un accès approprié aux services de prévention et de traitement. »  En 2007 10% des morts du sida en Afrique étaient des enfants et parmi les 2,7 millions de séropositifs âgés de moins de 15 ans dans le monde 2,4 millions se trouvaient en Afrique subsaharienne, soit près de 90%.
Ainsi l’Afrique subsaharienne est la région la plus affectée, comptant pour 67 % des personnes vivant avec le VIH et 91 % des nouvelles infections chez les enfants. L'épidémie a causé en Afrique subsaharienne plus de 14 millions d'orphelins.
Le constat que dresse l’UNICEF est plus qu’alarmant et la réponse préconisée au problème renvoie toujours à l’éducation comme vaccin contre le sida qui doit prévenir les enfants – et les adultes - des risques de contamination et de transmission de la maladie et de ses conséquences par un processus suivi d’informations dès le plus jeune âge avec des mots et des images que les enfants sont en mesure de comprendre. Il est de toute urgence de multiplier les  programmes d’éducation et d’information, notamment « dans les écoles, les journaux et les émissions radiophoniques  dirigées par les jeunes » pour briser le  mur de silence et de la honte qu’entoure le sida dans beaucoup de pays et pour sensibiliser les jeunes aux risques souvent refoulés ou dissimulés.
 
Clip de promotion produit par l'UNICEF  « Génération sans sida » 30 sec : 7 décembre 2007
« Ensemble nous pouvons créer une génération sans sida. Roger Federer, ambassadeur de l'Unicef. Chaque minute le sida tue 1 enfant dans le monde. »
[http://www.dailymotion.com/video/x3outk_generation-sans-sida_people]
 
« VIH/sida Côte d'Ivoire » - 4 min 12 : 1 octobre 2007
« Etat des lieux du VIH/sida en Côté d'Ivoire. »
[http://www.dailymotion.com/video/x33tk4_vih-sida-cote-d-ivoire_news]

Documentaire Centre Afrique sida 1/2  - 7 min 6 : 5 févr. 2009
« Je suis parti en République Centre Africaine en Avril 2006, ce pour effectuer un reportage sur le travail d'une association « les Manguiers Solidarité Bangui »
[http://www.tagtele.com/videos/voir/32658]

Documentaire Centre Afrique sida 2/2  - 9 min 35 min : 4 déc. 2007
Je suis parti en République Centre Africaine en Avril 2006, ce pour effectuer un reportage sur le travail d'une association « les Manguiers Solidarité Bangui »
[http://www.tagtele.com/videos/voir/32659/1/]

   Commentaire / discussion :
1.    Que comprenez-vous par « briser le  mur de silence et de la honte qu’entoure le sida dans beaucoup de pays » ?
2.    Que faudrait-il faire, à votre avis, pour combattre la contamination par le VIH/ le Sida ?

Sujet d’étude
•    Quelle est, à l’heure actuelle,  la situation du sida en Afrique ?
 

 
ONUAfriqueRenouveau23,3,2009.gif
 
Avec l’autorisation  de l’ONU de reproduire la photo ci-dessus (cf. dossier en pdf) tiré de la revue « Afrique Renouveau », Vol. 23, No. 3. Octobre 2009, Source  [http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol23no3/ar-23no3-fr.pdf]
Imprimez l’article « L’Afrique et le commerce des êtres humains. La traite des personnes: un fléau qui fait des centaines de milliers de victimes » de Michael Fleshman [http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol23no3/ar-23no3-fr.pdf] ou [ici], p. 6-9, puis former des équipes pour travailler sur les sujets suivants :

Créativité :
1.    Retracez quelques épisodes de la vie d’Isoke Aikpitanyi en les mettant en scène. Filmez des extraits pour les montrer à d’autres élèves.
2.    Faites une interview fictive avec Isoke Aikpitanyi que vous enregistrerez en mp3.
3.    Choisissez quelques énoncés du texte et présentez-les sous forme d’un rap.
4.    Imaginez et jouez quelques scènes illustrant des enfants qui effectuent un travail pénible.
5.    Faites un collage ou dessinez des affiches avec des photos a) contre le travail des enfants ; b) contre les enfants soldats ; c) contre le sida
 
Autour du texte:
Travaillez sur les questions suivantes et présentez les réponses en plenum sous forme d’une récitation mise en scène: Saviez, vous que….
a)    A combien de millions de victimes la Rapporteuse spéciale sur la traite des personnes du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Joy Ezeilo, estime-t-elle la traite des personnes en 2008 ?
b)    Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), quel est le nombre de Nigérianes envoyées en Italie et quelle est souvent leur sort ?
c)    Quelle est la situation de la traite au sein du continent africain et notamment au Mali et au Nigéria ?
d)    Quelles ont été les révélations de l’organisation non gouvernementale Coalition Against Trafficking in Women and Children faites en 2007 ?
e)    Quel traffic à été signalé à l’ONU par le gouvernement mauritanien 2006 ?
f)    Dans quelle mesure les écoles religieuses, daaras, ont été détournées de leurs objectifs ?
g)    Où est-ce que les enfants sont souvent placés au Sénégal, au Togo au Nigéria et dans bien d’autres pays ? Les familles connaissent-elles leur sort ?
7.    Mettez en scène la citation de la page huit : « Regardez l’Afrique. Il y a la pauvreté, les guerres et les crises politiques, la mauvaise gouvernance, les discriminations à l’égard des femmes, les inégalités, le manque d’instruction et l’analphabétisme. Tout cela rend les gens vulnérables. »
8.    Quelles sont les mesures entreprises dans les différents pays pour réduire la traite des personnes ? Mettez en scène un appel à la population !

Textes supplémentaires à exploiter
 

Les Mulezi (Petites Bonnes)
Quand on parle des enfants au travail, on fait souvent allusion à ceux utilisés dans des firmes, des usines de transformation de produits agricoles et industriels, l’artisanat,...ou à ceux qui opèrent dans le secteur informel. Évidemment, peu s’y retrouvent de leur propre gré. Certaines circonstances les entraînent souvent à compter sur eux-mêmes pour assurer leur survie ainsi que celle des leurs. Parmi les enfants travailleurs, figurent aussi des fillettes souvent oubliées. Ce sont ces milliers de jeunes filles utilisées comme « bonnes » dans des nombreux ménages, aussi bien en ville que dans les villages. Ces filles sont appelées « mulezi » (mot signifiant « bonne » ou la jeune fille qui assure la garde des enfants, en mashi).

Des origines coutumières
Les bonnes sont généralement au service d’une grande sœur, d’une tante, d’un membre de la famille lointaine. La demande se fait souvent entre femmes. Une fois convenue, la proposition est faite au père. Celui-ci ne tarde pas à céder pour, entre autres raisons, pour sauvegarder les liens familiaux avec la famille demandeuse. Le moindre refus occasionne parfois de graves détériorations des relations dans le clan. Mais les petites bonnes sont également des enfants sacrifiés par leur famille pour seconder les mères de famille dans leurs travaux ménagers.

Dans les villages africains, nombreux sont les ménages qui croient encore que la première fille n’a pas le droit d’aller à l’école.  A sa naissance, la mère se sent soulagée de trouver une assistante valable. En effet, dès le très bas âge, celle-ci remplace la mulezi - si elle en avait une. Elle s’occupe ainsi des soins de ses petits- frères et sœurs. Mais également d’autres travaux domestiques. Adolescente, elle prend la houe et accompagne sa mère pour tous les travaux des champs. A ce stade, sa place de « bonne » aura été occupée par quelqu’un d’autre. Le critère de choix de celui-ci étant bien entendu lié à son sexe, mais aussi à l’âge.

Les femmes : soutien de famille
Du caractère social, ce besoin en main d’œuvre féminine s’est accentué avec la dégradation du tissu économique  qui a conduit à la paupérisation de la population. En effet, la femme - celle vivant en milieu urbain - a bien compris que la crise s’installait. Elle a inventé un nouveau mode de vie qui consiste à ne plus compter sur le salaire de son mari. Et la voilà partout : porte-faix, revendeuse de toutes sortes de marchandises au coin des rues. Ainsi passent des jours, des années et des décennies.

Quelles sont les tâches réellement attribuées à la bonne ?
Elles sont multiples et varient selon que celle-ci se situe au village ou en ville. Au village par exemple, outre qu’elle doive s’occuper à longueur de journées des enfants, la mulezi assiste sa maîtresse dans presque tous les travaux domestiques : ramasser du bois, puiser de l’eau, faire la lessive, chercher de l’herbe verte (servant de tapis pour les huttes), ... En ville par contre, les bonnes sont souvent utilisées dans des activités génératrices de revenus : vendre des beignets, de la farine, de la braise, de la glace ou de la bière. Ceci en plus de ses nombreux travaux domestiques.

Copyright © 1999-2011 - Reproduction autorisée avec la mention : « diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat : www.droitsenfant.com  »
[
http://www.droitsenfant.com/travail_mulezi.htm]
 
 

En Egypte

Les Zabaleen du Caire (Petits chiffonniers)
Le quartier El Moqatam près de la citadelle de Saladin est le lieu où résident les Chiffonniers du Caire, en Égypte. Ce pays compte près de 78 millions d'habitants. La ville du Caire à elle seule accueille 25 millions d'habitants. Le Caire connaît une telle crise du logement, que c'est là que de nombreuses familles ont élu résidence.

Ainsi, ce sont près de 350 000 personnes, coptes pour la plupart, qui vivent du ramassage et du tri des ordures. Parmi eux, on compte 180 000 enfants. Le quartier croule sous les ordures. Les "Zabaleen du Caire ” vivent de la collecte et du recyclage des poubelles de la cité. Partout dans les ruelles sombres de la colline, une odeur lourde et âcre prend à la gorge et persiste. Les rues sont noires. Les toits ploient sous les tonnes d’ordures rapportées de la mégapole. Les rez-de-chaussée de chaque immeuble sont transformés en dépotoirs qui débordent de détritus que trient à mains nues les femmes et les enfants.

Sortis de l‘ombre grâce à l‘action de Soeur Emmanuelle, les chiffonniers du Caire se trouvent confrontés à de nombreuses difficultés. Ils partent le matin pour ramasser les ordures dans les rues de l’immense agglomération cairote. Ils reviennent dans l’après-midi et déchargent leurs rustiques charrettes tirées par de petits ânes. Ces ordures s’amoncellent en collines plus hautes que leurs cabanes. L’odeur qui se dégage de ces tas d’immondices est épouvantable. Les chiffonniers, grands et petits, trient ces morceaux d’ordures, mettant de côté les détritus alimentaires et les donnant à manger à des cochons noirs qu’ils vendent, une fois engraissés, à des charcutiers coptes. Les enfants jouent sur ces tas d’ordures putréfiés où grouillent les rats et les microbes. Il n’est pas rare, en parcourant le bidonville, de voir une dizaine de cadavres de chiens, de chats et de rats pourrissant au soleil.

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[
http://www.droitsenfant.com/travail_zabaleen.htm]



 
Sur le continent africain
 
Le travail des enfants dans les plantations cacaoyères ivoiriennes
Comme dans tous les pays producteurs, l’usage du travail des enfants dans les plantations cacaoyères ivoiriennes est avéré. La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao au monde et le premier pays à profiter de l’exploitation du travail des enfants.
Récemment un trafic d’enfants des pays voisins de la frontière Nord (Mali et Burkina-Faso) vers la Côte d’Ivoire et les zones de production cacaoyère notamment a été découvert.  L’usage dans un cadre familial du travail des enfants dans les plantations cacaoyères, soit directement par les propriétaires d’exploitation, soit par des exploitants agricoles allogènes ou immigrés à qui des exploitations ont été cédées par des contrats de cession de type « abugnan » ou « abusuan », existe depuis longtemps et semble malheureusement être parfaitement admis et toléré.

Actuellement, on ignore encore le nombre  d’enfants qui travaillent dans les plantations ivoiriennes de cacao, leur itinéraire, leur mode de recrutement, leurs conditions d’arrivée en Côte d’Ivoire lorsqu’il s’agit d’enfants de nationalité étrangère, la nature des liens qui les unissent à leurs employeurs, leur mode de rémunération, les conditions dans lesquelles ils travaillent dans ces plantations, etc. Il existe certes des études sur le trafic et l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire, mais aucune d’entre-elles ne traite de la question spécifique du travail des enfants dans les plantations cacaoyères.

Une étude récente sur la situation des enfants en Côte d’Ivoire aboutit (en ce qui concerne le travail des enfants dans le secteur agricole) au double constat de l’existence du phénomène et de l’efficacité de certaines mesures mises en place par le Gouvernement pour y faire face. Les données recueillies indiquent un accroissement du taux d’activité avec l’âge. Les enfants de moins de 6 ans ne sont pratiquement pas impliqués dans les activités sur l’exploitation : 97,2% d’entre eux n’ont aucune occupation liée à la production. La participation des enfants de 6 à 9 ans est beaucoup plus significative puisqu’ils sont 33,6% à travailler. Ce taux monte à 64% pour la tranche 10-14 ans et à 79,1% pour la tranche 15-17 ans.

Les enfants participent aux activités de nettoyage des terres, aux traitements phytosanitaires et à l’écabossage selon la région.

 

 

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L’ampleur du travail des enfants


Aujourd’hui, plus de 200 millions d’enfants travaillent dans le monde, exerçant des activités qui nuisent à leur développement mental, physique et émotionnel. Les enfants sont contraints de travailler parce que leur survie et celle de leur famille en dépendent. Le travail des enfants perdure, même là où il a été déclaré illégal, et il est souvent entouré d’un mur de silence, d’apathie et d’indifférence. Mais le mur commence à s’effriter. Alors que l’éradication du travail des enfants est un objectif à long terme dans de nombreux pays, certaines formes du travail des enfants doivent être combattues d’urgence. Près de trois quarts des enfants qui travaillent sont en prise aux pires formes du travail des enfants, notamment la traite, les conflits armés, l’esclavage, l’exploitation sexuelle et les travaux dangereux. L’abolition effective du travail des enfants est l’un des plus urgents défis de notre époque.
 
Qu'appelle-t-on enfants au travail ?
Selon le rapport du BIT (Bureau International du Travail), dans le groupe des enfants de 5 à 17 ans, un sur six - soit 200 millions - est astreint au travail. Plus préoccupant encore, un sur huit - soit 179 millions d'enfants - est encore assujetti aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger sa santé physique ou mentale ou sa moralité.
Par ailleurs :

  • environ 111 millions d'enfants de moins de 15 ans sont astreints à des travaux dangereux et devraient y être immédiatement soustraits;
  • 59 millions de jeunes de 15 à 17 ans eux aussi affectés à un travail dangereux devraient bénéficier de toute urgence d'une protection ou être soustraits à ce travail;

8,4 millions d'enfants sont assujettis à des travaux relevant des pires formes de travail des enfants, car il s'agit d'activités intrinsèquement condamnables: esclavage, traite, servitude pour dettes et autres formes de travail forcé comme le recrutement forcé en vue de la participation à des conflits armés, la prostitution, la pornographie et autres activités illicites.

Le travail des enfants reste un phénomène mondial, auquel aucun pays ni aucune région n'échappe. Les crises de toutes sortes - catastrophes naturelles, chocs économiques, pandémie du VIH/SIDA, conflits armés - ont notamment pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes de travail débilitantes, parfois illégales et clandestines comme la prostitution, le trafic de drogue, la pornographie et d'autres activités illicites.

L'ampleur du problème
Le BIT présente des chiffres qui s'écartent sensiblement des estimations les plus fiables dont on disposait en 2001, et qui fixaient à quelque 250 millions le nombre d'enfants de 5 à 14 ans astreints au travail dans les pays en développement. Il indique que les méthodes les plus récentes de collecte de données offrent une représentation plus précise du travail des enfants et, en particulier, de son incidence selon les classes d'âge et les régions, de sorte que les nouvelles estimations ne se prêtent pas à une comparaison directe avec les précédentes. Le travail des enfants à l'aube du XXIe siècle y est décrit comme un phénomène infiniment volatil revêtant les formes les plus variées. Sur la base des données les plus récentes, il est estimé que 352 millions d'enfants de 5 à 14 ans exercent aujourd'hui une activité économique d'un type ou d'un autre.

Sur ce total, 106 millions sont affectés à des types de travaux acceptables pour des enfants ayant atteint l'âge minimum d'admission à l'emploi (généralement 15 ans), ou à des travaux légers tels que les tâches ménagères ou des travaux rentrant dans le cadre de leur éducation (voir ci-dessous convention de l'OIT -nº 138- sur l'âge minimum, 1973).
Il en résulte que 200 millions d'enfants sont astreints à des formes de travail qu'il faut abolir.
Le BIT estime que le principal obstacle à l'abolition effective du travail des enfants est sa prépondérance dans un secteur qui échappe au contrôle de la plupart des institutions officielles, indépendamment des moyens économiques du pays.

On distingue :

  • Les enfants producteurs (mines, verres, tapis)
  • Les enfants en servitudes pour dettes (c'est le cas en Asie par exemple)
  • Les enfants esclaves (domesticité et prostitution). Dès 5 ans en Afrique
  • Les enfants travailleurs dans leur famille ou leur communauté ( 1/3 de la main d'œuvre agricole dans certains pays en développement)
  • Les filles qui participent aux tâches domestiques ne sont pas considérées au travail.


L'Unicef et d'autres organisations font la distinction entre le travail acceptable, qui apporte formation et statut à l'enfant et le travail intolérable, qui entrave son développement intellectuel, physique et psychologique.

A quoi travaillent-ils ?
D'un bout à l'autre de la Terre, on retrouve des enfants dans les champs, dans les mines, les ateliers ou dans les cuisines. L'agriculture est encore la plus grande utilisatrice d'enfants. Ce travail est souvent organisé de telle manière que les enfants doivent travailler aussi longtemps et durement que leur parents. La mortalité, la malnutrition et l'analphabétisme sont presque partout plus élevés dans les campagnes que dans les villes. Dans les grandes entreprises, la réglementation sur l'âge et la durée du travail est, en général, respectée. Ce n'est pas le cas des petites entreprises ou des petits ateliers non déclarés qui utilisent abusivement cette main-d'œuvre très économique. On trouve des enfants qui fondent des tôles d'acier, tissent des tapis ou fabriquent des allumettes. Les locaux sont souvent sans air et sans lumière : on les appelle les "ateliers à sueur". Les enfants qui travaillent comme domestiques sont en général loués ou même vendus à des familles plus riches. Dans l'immense majorité, il s'agit de fillette, souvent de moins de 13 ans, qui habitent chez l'employeur. Bien des enquêteurs pensent que les cas de mauvais traitement sont fréquents. Ce sont peut-être, de tous les enfants au travail, ceux qui sont le plus exploités et qui peuvent le moins se défendre car ils vivent totalement isolés. Et puis il y a tous les enfants des rues : certains jeunes chassés de chez eux par la misère, ou orphelin, vivent entièrement dans la rue. Ils survivent en vendant des cigarettes ou des chewing-gums, cirent des chaussures, lavent des voitures, chantent sur les trottoirs ou bien mendient. Beaucoup d'entre eux basculent dans la délinquance et la prostitution.

Pourquoi les enfants travaillent-ils ?
Arrachés à l'enfance pour des raisons économiques et/ou politiques, ils font les frais de la misère, d'une crise, d'une guerre... parce qu'il constitue une main d'œuvre docile, l'enfant est de plus en plus exploité : des champs à la mine rien ne lui est épargné. Recherché pour sa souplesse et son petit gabarit, ou simplement pour son joli minois, il piochera dans les mines de charbon en Colombie, s'intoxiquera les poumons dans les tanneries du Pakistan, ou passera des heures dans la chaleur des sunlights d'une quelconque agence de pub. Depuis 30 ans le phénomène a considérablement évolué, et le travail de l'enfant s'apparente de moins en moins à un apprentissage. La crise économique, l'endettement des pays pauvres, les programmes d'ajustement structurel et d'austérité économique imposés par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont conduit à des coupes claires dans les budgets sociaux et d'éducation. Certaines multinationales n'hésitent pas à recourir à cette main d'œuvre bon marché. (voir système Nike) Les enfants ont été contraints de travailler pour survivre, et des employeurs sans scrupules ou poussés eux aussi par le besoin, se sont précipités sur cette main d'œuvre. Dans bien des cas c'est l'enfant qui subvient aux besoins de la famille.

Les principaux facteurs du travail des enfants :

  • Pauvreté
  • Analphabétisme
  • Différence de salaire négligeable entre adultes et enfants
  • Décès ou absence permanente du père
  • Le niveau de sous-développement rural
  • Conditions de vie dans les quartiers pauvres de la ville
  • Impossibilité du système scolaire de garantir un emploi futur
  • Exigences physiques spécifiques pour effectuer certaines tâches ( mines, tissage des tapis, etc.) Enfants abandonnés ou errants
  • École buissonnière
  • Familles nombreuses
  • Emploi des parents.



Des conséquences graves sur leur santé et leur avenir :

Dans la plupart des activités effectuées par les enfants, les risques d'une détérioration rapide de leur santé sont important. L'utilisation de produits chimiques dans le cas des industries de la chaussure, de l'orfèvrerie et du textile mais aussi dans l'agriculture intoxique l'organisme fragile des enfants. Dans l'industrie du tapis ou du tissage, les enfants sont entassés dans des lieux sombres et pollués de poussières de laine. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons. Les enfants chiffonniers sont souvent atteints de maladie de peau. Ils risquent de se couper et de contracter le tétanos. Les enfants qui travaillent dans la construction ont des troubles de croissance et des déformations en raison du port de charges trop lourdes. Les enfants qui travaillent dans les carrières et les mines sont exposés à la silicose. Les enfants qui se prostituent sont de plus en plus fréquemment atteints par le SIDA. Pour la plupart d'entre eux ils sont condamnés à l'analphabétisme à vie car ils ne vont pas à l'école. Isolés, souvent privés de leur famille, ils souffrent de carences affectives dont ils risquent de garder des séquelles à vie.

Alors que faire ?
Dix ans après la Déclaration des Droits de l'Homme, l'ONU a adopté en 1959, à l'unanimité, la Déclaration des droits de l'enfant. Concernant les enfants travailleurs elle précisait que l'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint l'âge approprié. 40 ans sont passés et rares sont les pays qui respectent ces simples droits. Et pourtant la presque totalité des pays de la planète ont ratifié la Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989. En 1990, de grandes promesses ont été faites aux enfants. Cette année là, soixante et onze chefs d'États ont pris part au premier Sommet Mondial pour l'Enfance, le plus vaste rassemblement de ce type jamais organisé dans l'histoire. Des objectifs ambitieux ont été fixés pour l'an 2000. Nous y arrivons et ces promesses sont restées lettre morte. Les dépenses pour tenir les engagements du Sommet ont été évaluées à 100 milliards de francs par an, l'équivalent de ce qui est consacré tous les dix jours aux dépenses militaires de l'ensemble des pays du monde. Les solutions existent donc, mais c'est souvent la volonté politique qui manque.
En 1999 enfin un projet a été adopté à Genève par les représentants de 174 pays.
Le texte demande aux gouvernements de prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants de toute urgence.

Faut-il boycotter le produit du travail des enfants ?

Le boycott des produits fabriqués par les enfants est un indéniable outil de pression : le témoignage du petit Iqbal MASIH avait dévoilé le vrai visage de la fabrication des tapis au Pakistan. C'est sans doute pour cela qu'il a été assassiné, et son assassinat en 1995 n'a fait que renforcer la réaction du public : le chiffre d'affaires de l'exportation de tapis a plongé. Sans cette baisse les fabricants et exportateurs de tapis n'aurait jamais signer en 1998 un accord avec le BIT concernant le retrait de 8 000 petits tisserands à domicile.
Mais un boycott peut avoir des effets pervers. En 1992-1993, quand les États Unis débattaient d'une éventuelle interdiction de biens produits par les enfants, plusieurs usines textiles du Bangladesh, craignant une chute des commandes, ont procédé au débauchage de quelque 50 000 enfants, surtout des filles. Pour continuer de subvenir aux besoins de la famille beaucoup ont dû se tourner vers des métiers informels ou plus dangereux (casseurs de pierres par exemple).Certains ont échoué dans la prostitution.
Le boycott constitue donc une arme à double tranchant. Cet effet de semonce sur les employeurs ne doit être utilisé que pour organiser un retour à la scolarisation des enfants, il faut donc pour cela en donner les moyens à ces pays.

L'UNICEF demande 6 mesures pour éliminer le travail des enfants :

  1. l'élimination immédiate de l'emploi des enfants à des tâches dangereuses
  2. l'organisation d'un enseignement gratuit et obligatoire
  3. l'élargissement de la protection légale des enfants
  4. l'enregistrement de tous les enfants à leur naissance (de manière à pouvoir déterminer leur âge sans fraude possible)
  5. une collecte et un contrôle adéquats des données (de manière à connaître avec exactitude l'ampleur du travail des enfants)
  6. l'établissement de codes de conduite


Les conventions internationales en vigueur concernant l’hygiène, la sécurité, la discrimination, les horaires, la durée d’activité, la protection….
C’est seulement depuis 1919 que l’OIT (Organisation Internationale du travail) a fait adopter par tous les pays signataires des conventions particulières qui font état de normes relatives au travail des enfants.

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Mise à jour le Dimanche, 01 Juillet 2012 18:37